Cadran solaire du Tarn : Lavaur 6

86 lavaur regulateur de montre 1Inventaire des cadrans solaires du Tarn.

Cadran solaire situé au Musée Vaurais de Lavaur dans le Tarn (81).

 

 

Le Cadran Solaire  Régulateur des montres – Cadran des Communes, du petit village d’Angles dans le Tarn.

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

Façade sud

Provenance
Le régulateur des montres – cadran des communes que possède le musée de Lavaur provient de la collection personnelle de Monsieur Paul Nogarède (ancien membre de la Société Astronomique de France, à la commission des cadrans solaires). Ce cadran a été offert au musée de la ville de Lavaur, qui possède un très joli « fond gnomonique », par la fille de Monsieur Nogarède, Madame Boutié après le décès de son Papa. Le cadran a été trouvé à l’abandon sur la ligne Mazamet – Bédarieux, dans la petite maison de cantonnier* qu’il y a en bordure du chemin de fer sur la commune d’Anglès, à quelques centaines de mètres de la gare de Lacabarède.

*Cette petite bâtisse a été dernièrement restaurée par le conseil général du Tarn lorsqu’il a emménagé l’ancienne voie de chemin de fer « en  piste verte ». Elle se trouve, un peu avant le pont qui enjambe le thoré à l’entrée de Labastide Rouairoux. 

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

En bleu, le canton d’Anglès avec son appendice qui arrive au niveau de la ligne  Mazamet-Bédarieux, au bord du ruisseau « Thoré ». Depuis la mairie d’Anglès, c’est la plus longue avenue de la gare que je connaisse.

L’Encyclopédie Universelle

-Le régulateur des montres – nouveau Cadran Solaire Equatorial, a été inventé en 1869 (IIe empire) par François Edouard Lagout, ingénieur et mathématicien français né a Aigueperse (Puy-de-Dôme) le 8 septembre 1820, mort à Nogent-sur-Seine (Aube) le 18 décembre 1884. Sorti en 1845 de l’école des Ponts et Chaussées et envoyé d’abord en Algérie (1846-1848), il passa en 1853 au service de la compagnie des chemins de fer du Midi, en 1857 à celle des chemins de fer Romains et s’occupa dès cette époque de résoudre par des formules mathématiques les questions d’esthétiques. Il publia dans cet ordre d’idées : Esthétique nombrée (Paris 1861-63), l’Équation du Beau (Paris 1873). Il rechercha ensuite les moyens de faire comprendre et retenir rapidement par des personnes étrangères à la géométrie les règles de la mesure des surfaces et de la cubature des solides ; il fut ainsi amené à imaginer la tachymétrie, qui ne vaut, en somme, que comme méthode approximative de mesurage, car elle laisse beaucoup à désirer comme méthode d’enseignement. Elle se trouve exposée dans plusieurs ouvrages de son inventeur : Panorama de la géométrie (Paris 1872), Tachymétrie (Paris 1874), Méthode

Tachymétrique (Paris 1875), Vade-mécum Takymétrique (Paris 1879), Takytechnie (Paris 1881). Edouard Lagout, qui était rentré en 1862 au service de l’état, fut chargé en 1876 par le ministre des travaux publics d’enseigner sa nouvelle méthode et de la répandre en formant des professeurs. Il fut promu en 1877, ingénieur en chef de la ligne Adriatique et il consacra à la diffusion de la tachymétrie le reste de sa vie. Il a écrit, outre les ouvrages déjà cités, de nombreux mémoires parus dans divers recueil et journaux.

 (Grande Encyclopédie Universelle du XIX siècle)

Institut Impérial de France

Concernant le régulateur des montres, une note fut présentée à l’Institut Impérial de France, l’Académie des Sciences, en séance du 23 mai 1870, sous le numéro 375 devant les commissaires Faye, d’Abbadie et Villarceau. Le 20 juin de cette année, suivant cette note, Antoine d’Abbadie fit déplacer le cadran « régulateur des montres* » de la Gare d’Orléans et demanda de l’orienter aux seules étoiles.

Voici la lettre qu’il rédigea à ce sujet le 2 juillet 1970 :

Désirant savoir par la pratique avec quelle exactitude, on pouvait placer ce  cadran, je fis déranger celui de la gare d’Orléans. On l’orienta de nouveau dans la soirée du 20 juin, mais la clarté du jour empêchant de voir l’étoile polaire à son passage au Méridien, ce n’est qu’à 10h et ½ du soir qu’on dirigea l’axe du cadran sur cette étoile.

Le lendemain, 21 juin vers 8h du matin l’heure indiquée par le cadran retardait de onze minutes et demie. J’avais prescrit d’orienter le cadran aux étoiles, sans le recours de montre ni de boussole, avec les seuls moyens dont dispose le gardien d’un passage à niveau perdu au milieu de la campagne et ayant besoin de savoir l’heure pour ne pas ouvrir intempestivement les barrières du passage.

Antoine d’Abbadie

Régulateur des montres des communes

Nouveau cadran solaire équatorial 

Lettre de présentation d’Edouard Lacout

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

Ci-contre la Façade nord

1) Principe

Un style rectiligne étant posé d’équerre au centre d’un cercle gradué ou cadran, lorsque le style pivote uniformément autour de deux points fixes, pris dans sa longueur, tous foyers lumineux et immobiles dans l’espace projetteront sur le cadran l’ombre du style qui parcourra des arcs égaux en des temps égaux. Ainsi, la mesure du temps se réduit à compter des arcs égaux. Tel est le principe absolu de tous les cadrans solaires, il repose sur trois conditions essentielles :
1- Uniformité. Mouvement uniforme de rotation
2- Fixité. Des foyers lumineux et de l’axe tournant
3- Concentricité. Style posé d’équerre et au centre du cadran.

2) Réalité

Le mouvement de rotation de la Terre est bien uniforme, mais celui de translation autour du Soleil ne l’est pas tout à fait, sa rapidité croît avec le rapprochement, d’après la deuxième des trois lois de Kepler, la variation angulaire qui en résulte est de quelques secondes par jour et de quelques minutes par mois, elle se reproduit périodiquement chaque année et forme le tableau de correction appelé « Equation du temps » pour ramener l’heure solaire à l’heure moyenne d’un soleil fictif qui ne produirait aucune irrégularité. L’axe de la Terre ne cesse pas de rester parallèle à lui-même de sorte que le cadran une fois posé d’équerre sur cet axe y restera tel et remplira l’une des conditions essentielles qui précédent. On le nomme Cadran équatorial (parallèle à l’équateur). Enfin les pays habités du globe terrestre ne sont pas sur l’axe de rotation et les cadrans équatoriaux sont excentriqués. Encore une nouvelle irrégularité, mais elle est négligeable et voici pourquoi. Soleil et Terre – grosseur et distance relative. Soient deux hommes à 25 mètres l’un de l’autre, la tête du premier étant prise pour le Soleil, la Terre sera représentée par le larmier ou petit bouton du coin de l’œil du second. Ce petit globe se réduit à un point tant est faible son diamètre comparé à là distance solaire de sorte que tous les cadrans équatoriaux excentriqués se confondront avec les deux concentriques à l’axe de rotation qui serait établi aux deux pôles.

3) Cadrans vulgaires 

Tous les cadrans solaires émanent du cadran équatorial dont il suffit de prolonger les plans horaires jusqu’à rencontrer telle surface plane ou courbe, horizontale ou inclinée et d’y marquer les traces de ces plans. Conservons le style parallèle à l’axe de rotation de la Terre et enlevons le cadran, il est bien certain que l’ombre du style couvrira les traces ainsi obtenues aux heures correspondantes. Cela paraît simple et commode, mais il y a mille inconvénients qui ont fait abandonner ces cadrans vulgaires et cependant, on n’a pas d’autre moyen précis de connaître l’heure exacte que ceux fournis par le cours des astres. Toutes les compagnies de chemins de fer ayant leur siège à Paris envoient, chaque matin, prendre l’heure à l’observatoire. Un cadran solaire, portatif simple et peu coûteux est appelé à rendre service à une époque où l’on a si fort besoin de connaître exactement l’heure.
Le cadran vulgaire horizontal ou vertical est spécial à la latitude où il est établi, il n’est donc pas portatif – les angles horaires sont inégaux comme résultant de sections obliques – ce sont des causes d’erreur que chacun n’est pas à même de rectifier comme on peut le faire pour les 24 divisions horaires égales du Cadran équatorial. Enfin le cadran vulgaire n’éveille pas l’esprit tandis que le Cadran équatorial contient manifestement réuni toutes les grandes lois du monde planétaire, il est impossible que cet appareil n’excite pas à s’instruire celui qui le consulte.

4) Bon prix et clarté

Le bon prix est obtenu par la mise en œuvre d’une invention industrielle consistant à imprimer sur la tôle que l’on recouvre ensuite d’un émail ou d’un vernis au four*. De sorte que cet instrument populaire de précision du temps ne coûte que 12 francs pour le grand modèle de 0m33, et 8 francs pour celui de 0m16 de diamètre. Il n’y a plus qu’à les fixer sur un pilastre en fonte ou un potelet en bois – le pilastre en fonte d’ornement revient au même prix que l’appareil, soit 12 et 8 francs.
Les cadrans équatoriaux de la marine complétés par la courbe de l’équation du temps, reviennent de 200 à 300 francs. Les officiers seuls peuvent les comprendre tandis que le premier gardien venu de passage à niveau ou le plus humble cantonnier peut faire usage du « Régulateur des Montres » ainsi que nous en avons l’expérience.

5) Description

Le grand appareil ayant 0,33 m de diamètre, le développement de l’arc d’une division horaire est de 4 centimètres, un par quart d’heure et le quart d’heure est subdivisé en 5 parties de 3 minutes chaque – l’ombre de l’aiguille est nette et l’instant du passage du milieu de l’ombre sur une division est très appréciable à moins d’une demi-minute puisque cette fraction correspond à un tiers de millimètre.
L’équation du temps est donnée par un tableau (imprimé sur le cadran) des minutes à ajouter ou retrancher par décade pour avoir l’heure moyenne. Si la correction s’accroît d’une minute où 60 secondes en dix jours cela revient à 6 secondes par jour ; tel est le modèle appelé « Cadran des Communes ».
De grandes administrations de chemin de fer ayant ordonné de faire l’essai du régulateur pour leurs gares et passages à niveau, nous avons composé le « Cadran des chemins de fer » où les corrections se trouvent indiquées par minute sans interpolation.
Mais sur des places publiques ou auprès des phares, ports maritimes, écluses des canaux de navigation, le premier appareil des Cadrans des communes a bien été compris.
Pour les presbytères des campagnes on préfère le petit modèle de 0’16 qui est très suffisant, les passages de l’ombre sur les divisions horaires y sont faciles à observer, mais il ne donne que le quart d’heure tandis que le grand donne la division par trois minutes.
En résumé, le Régulateur des montres peut rendre des services au plus grand nombre, il donne l’heure exacte comme le cadran équatorial et coûte 20 fois moins cher, bien qu’il ait sur ce dernier l’avantage d’être intelligible par tout le monde.

6) Pose

Un fil à plomb irait rencontrer l’équateur terrestre suivant un angle aigu marquant là latitude du lieu, or comme le cadran équatorial est parallèle à l’équateur, il fera le même angle aigu donc, première condition : donner au cadran du régulateur une inclinaison sur le fil à plomb marquée par le degré de latitude du lieu. Un rectangle muni d’un fil à plomb fixé au centre d’un quart de cercle permet au premier venu de réaliser cette condition, cet ajusteur se pose d’équerre sur le cadran, d’abord horizontal, dans la direction de la ligne horaire de midi, puis on soulève le cadran de manière que l’ajusteur reste vertical jusqu’à ce que le fil à plomb tombe sur le quart du cercle à la latitude du lieu.
Il faut une minute pour faire ou comprendre cette opération.
La pente équatoriale étant ainsi obtenue, il faut amener le plan de l’ajusteur contenant la ligne horaire de midi à se trouver dans le méridien :
Moyen empirique

 – Faire pivoter le pilastre jusqu’à ce que l’aiguille marque sur le cadran l’heure d’une montre bien réglée.
Moyen scientifique

– a) par la boussole en opérant loin de tout objet métallique.
-b) par la bissectrice de l’angle de deux ombres égales d’un fil à plomb sur un plan horizontal.
-c) par l’étoile polaire au moment de son passage au méridien du lieu (voir le tableau des – heures de passage au méridien dans l’annuaire du bureau des longitudes).
-d) par deux fils à plomb en lignes sur l’étoile polaire au moment où ces fils à plomb sont atteints par l’avant-dernière étoile du timon du chariot de David ou bien par l’étoile de la vierge, étoile de première grandeur.

7) Décisions administratives

La décision acquise pour l’emploi de Régulateur des montres confirmant l’intérêt général qui s’attache à la propagation de ces instruments :
Ministère des travaux public, envoi d’un exemplaire à chacun des ingénieurs en chef des 88 départements, adoption partielle aux écluses, barrages, ports de mer et phares.
Ministère de la Marine, adoption pour tous les établissements de pyrotechnie en France et aux colonies … Toulon, Cherbourg… Sénégal, Taïti
Ministère de l’Agriculture et commerce, écoles impériales de Grignon et de Châlon-sur-Marne.
Ministère de l’Intérieur, ville de Paris, de Marseille, Saint-Etienne, Courtenay, etc…

Le 23 Mai 1870
Signé, Edouard Lagout.

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

Panneaux ajusteur oriental, à remarquer les villes de Napoléon-Vendée, christiana pour Oslo etc…

Un cadran régulateur pour commune

Malgré le hasard de la découverte du cadran d’Anglés dans un bâtiment désaffecté des chemins de fer, celui-ci n’avait rien à voir avec la gestion du temps du réseau ferré de la ligne « Mazamet-Bédarieux ». Son auteur réservait son usage comme nous l’avons vu ci-dessus pour les campagnes, les villes, les ports, les écluses, etc., lieu ou la précision est moins contraignante, il est appelé pour cela « cadran des communes ». Quant au second, le « cadran des chemins de fer », les essais auprès des compagnies de chemins de fer ne furent certainement pas concluants, car nous ne possédons à ce jour aucun document de la mise en service de cette invention.

Au moment de l’exploitation du réseau d’Anglès (1886), tous les chefs-lieux de France étaient reliés par télégraphe à une horloge mère donnant le temps moyen.

La circulation des convois sur ce type de ligne est infiniment moins contraignante du point de vue de l’horaire que sur les lignes nationales et le transport d’une montre de bonne qualité suffisait pour synchroniser de gare en gare les horloges. Toutefois, on ne peut pas exclure qu’une ligne de chemin de fer se soit servie de la gnomonique pour régler ses montres, mais cela reste douteux.

L’invention de Monsieur Lagout a dû connaître un certain succès, comme en témoigne son insertion dans le célèbre « Grand Dictionnaire Universel du XIX siècle » dont voici l’extrait.

Régulateur des montres. Cet appareil inventé en 1869, par Monsieur E. Lagout ingénieur, n’est autre que l’ancien cadran solaire perfectionné en vue d’obtenir l’heure moyenne réglementaire, au lieu de l’heure vraie, toujours variable, sauf aux équinoxes. Les écarts en plus et en moins sont, en effet, très considérables, puisqu’ils atteignent au cadran solaire jusqu’à trente minutes et demie entre les jours du 25 octobre au 10 novembre et les jours du 30 janvier au 20 février. La vraie nouveauté de l’appareil régulateur des montres consiste dans l’indication, sur le disque, de l’équation du temps, qui corrige les irrégularités périodiques du cadran solaire. Ce cadran est équatorial, c’est-à-dire parallèle à l’équateur. Son installation consiste à incliner le cadran jusqu’à ce qu’un fil à plomb fasse avec son plan un angle égal à la latitude du lieu, et à faire pivoter le support jusqu’à ce que le cadran marque l’heure d’une montre bien réglée, ou à amener la ligne horaire de midi dans le plan du méridien. Ce régulateur est très utile dans les campagnes.
(Grand dictionnaire Universel. XIX siècle)

On notera, qu’une fois encore, il n’est pas fait mention de l’emploi de cette invention dans les réseaux ferrés, mais la précision de son utilité dans les campagnes.

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

Panneaux ajusteur face occidentale, à remarquer le jumelage de Paris et Nogent ville natale de l’inventeur.

Description

Aujourd’hui. Il nous reste de ce régulateur des montres des communes au musée de Lavaur, la table complète du cadran équatorial et le panneau ajusteur. Le pilastre ou le potelet qui le portait a disparu.

1) Le cadran solaire équatorial : il a un diamètre de 33 centimètres, il est réalisé en tôle de fer vernie. Son coût comme on l’a vu plus haut était de 12 francs.

a) Sur la face nord : un liseré de quelques millimètres à fine maille délimite le bord
extérieur rond du cadran, il porte d’écrit en bas le nom de la maison qui a imprimé le cadran ainsi que la matière mise en œuvre : « Tôle vernie – L Mielle – à Paris », et en haut la moitié du globe limité à l’équateur pour laquelle le cadran a été conçu soit : « Côté de la…. ? Pour l’Hémisphère Boréal ». Une succession de cercles et arcs de cercle superposés, plus ou moins espacés constituent le départ du cadran. En partie basse est dessiné le développement des arcs de chaque division horaire (Soit 4 divisions par heure équivalente à 1 centimètre par quart d’heure. Les quarts d’heure sont subdivisés en 5 parties égales de 2mm valant 3 minutes chacune). Au dessus en gros caractères sont inscrit les chiffres romains : IIII. V. VI. VII. VIII. IX. X. XI. XII. I. II. III. IIII. V. VI. VII. VIII. Dans l’espace laissé libre au dessus des chiffres IIII et VIII est inscrit le type de cadran et son affectation : Régulateur des montres – Cadran des communes.
De part et d’autre du type, deux tampons sont dessinés portant écrit en cercle : sur le premier « Mise en œuvre de l’équation du temps » – sur le deuxième  « Mise en œuvre de l’équation du Beau ».
EQUATION DU BEAU
L’Equation du Beau – Loi des sensations agréables, Formule pratique pour la
Musique et les arts du dessin
Statuaire nouvelle – Avec un croquis rythmé de Michel-Ange, qui est l’expression
Vivante du beau
Architecture nouvelle – Analyse harmonique d’après l’équation du beau, des
nouveaux monuments de Paris : Eglises nouvelles et Opéra

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

NB – cette mise en œuvre de l’équation du Beau pour le régulateur des montres correspond à une recherche des proportions esthétiques du cadran (volume, diamètre, tracé, disposition des tableaux, des chiffres … etc…), afin de rendre la composition la plus agréable possible à l’œil. La loi du nombre d’or ne doit pas être étrangère au principe.

L’intérieur du cadran est occupé par un tableau rectangulaire de correction de l’équation du temps qui donne les minutes à ajouter ou retrancher par décade pour avoir l’heure moyenne et cela pour les mois d’avril – mai – juin – juillet – août – septembre. Sur le côté gauche et droit des mois, entre deux fleurs est mentionné la saison « Printemps et Été ». Un espace rectangulaire est laissé libre au milieu du tableau ; il est occupé en son centre par l’emplacement laissé vide du style droit (aiguille) qui a été cassé. De part et d’autre de ce dernier, le nom de l’Inventeur E. Lagout Ingénieur », suivi de « C Detouche Paris », qui est le nom de la maison qui fabriquée et commercialisée les cadrans, C Detouche, horloger mécanicien, 222, rue Saint-Martin à Paris.
Au dessus du tableau est écrit : Pour avoir l’heure des montres, Ajoutez ou retranchez, à l’heure du cadran solaire.
En dessous le tableau, un dessin met en scène l’orientation du cadran équatorial sur le méridien selon le moyen scientifique n°4 cité plus haut. Il nous donne aussi la position du Soleil à midi pour les équinoxes.

b) Sur la face sud : un liseré de quelques millimètres à fine maille délimite le bord extérieur rond du cadran, il porte d’écrit en haut, la moitié du globe limité à l’équateur pour laquelle le cadran a été conçu soit : « Côté de la…. ? Pour l’Hémisphère Boréal ». Une succession de cercles et arcs de cercle superposés, plus ou moins espacés constituent le départ du cadran. En partie basse est dessiné le développement des arcs de chaque division horaire (Soit 4 divisions par heure équivalente à 1 centimètre par quart d’heure. Les quarts d’heure sont subdivisés en 5 parties égales de 2mm valant 3 minutes chacune). Au dessus en gros caractères sont inscrits les chiffres romains : VI .VII. VIII. IX. X XI. XII. I. II. III. IIII. V .VI . Dans l’espace laissé libre au-dessus des chiffres VI et VI est inscrit le type de cadran et son affectation : Régulateur des montres – Cadran des communes.
De part et d’autre du type, deux cases portent d’écrit : Sur la première – Disposition conforme à l’équation du temps. Sur la deuxième – Proportion conforme à l’équation du Beau.
L’intérieur du cadran est occupé par un tableau rectangulaire de correction de l’équation du temps qui donne les minutes à ajouter ou retrancher par décade pour avoir l’heure moyenne et cela pour les mois d’octobre – novembre – décembre – janvier – février – mars. Pour les mois de février et mars la précision est donnée par trois fois à la demi seconde. Sur les côtés gauche et droit des mois, entre deux fleurs, est mentionné la saison « Automne – Hiver ».
Un espace rectangulaire est laissé libre au milieu du tableau ; il est occupé en son centre par l’emplacement du style droit (aiguille) et porte d’écrit : Deux manières de poser l’appareil –
1) faire marquer l’heure d’une montre bien réglée – 2) Amener l’aiguille dans le méridien après avoir fait pencher l’aiguille sur l’horizon d’un angle égal à la latitude.
Au-dessus du tableau est écrit : Pour avoir l’heure des montres, Ajoutez ou retranchez, à l’heure du cadran solaire.
En-dessous le tableau, l’auteur nous donne un tableau complémentaire de l’équation du temps pour les mois de décembre et janvier, mois où la correction subit ses plus rapides variations. Deux petits dessins encadrent ce nouveau tableau; ils schématisent : l’angle ABC de la latitude sur l’horizon pour la face sud du cadran, et l’angle DEF de la latitude sur l’horizon pour sa face nord.

2) Le panneau ajusteur. Panneau en tôle vernissée de 30 cm de côté environ, imprimé sur ses deux faces.

a) Face occidentale – en haut à gauche, se trouve le point d’attache du fil à plomb qui sert de centre à une succession d’arcs croissants d’un quart de cercle dessiné sur la tôle. (L’ajusteur que nous possédons est sans fil à plomb).
De ce point, partent deux droites perpendiculaires qui limitent le quart de cercle : la première, nommée « équateur » suivie d’une flèche, situe le plan de l’équateur terrestre sur le régulateur, la deuxième nommée « région polaire » suivie d’une flèche, est parallèle à l’axe des pôles.
Le premier arc de cercle en partant du haut, délimite un espace et porte d’écrit : Ajusteur du Régulateur des Montres.
En dessous, un autre arc de cercle, plus grand délimite un nouvel espace où est écrit : Méridien – Par deux fils à plomb en ligne sur l’Etoile Polaire au moment de son passage au méridien – Voir le tableau sur la face opposée
De cet espace partent, centrés sur le point d’attache, 19 segments de droite limités au dernier arc de cercle. Ils sont distants l’un de l’autre de 5°.
Le grand arc porte l’échelle des degrés, graduée de 0° à 90° et la subdivision des degrés en 4 intervalles de 0,25°.
Chaque segment de droite porte en chiffre arabe le numéro du degré correspondant à sa place sur l’échelle, et le nom d’une ville de l’hémisphère nord qui leur est proche. Toutefois, 5 segments ne possèdent pas de nom de ville pour les latitudes représentées (90° – 85° – 75° – 70° – 45°). Il est à noter le jumelage de Paris avec Nogent-sur-Seine, cette dernière est la ville où vivait l’inventeur Edouard Lagout.
En bas à droite de l’ajusteur, l’auteur nous donne dans un tableau rectangulaire suivi d’un petit schéma représentant le régulateur des montres avec son ajusteur en place, le principe de mise en situation de son invention. Dans le rectangle est écrit : l’ajusteur doit remplir deux conditions.
1) Etre posé d’équerre sur le cadran et parallèle à la ligne de midi.
2) Etre amené dans le méridien du lieu.
Le cadran, supposé d’abord horizontal comme un couvercle à charnières, sera soulevé jusqu’à ce que le fil à plomb tombe sur le degré de latitude du lieu (voir tableau).
À droite du tableau, le nom de l’inventeur suivi de son titre d’ingénieur, à gauche du schéma, celui de l’horlogerie C Detouche à Paris. Au dessus écrit verticalement : Tôle vernie L Mielle Paris.

b) Face orientale – un grand tableau fait de quatre colonnes principales est imprimé sur la tôle.
Les deux premières colonnes portent pour chaque chef-lieu des départements de France, leur latitude en degré et leur longitude en minute d’avance ou de retard par rapport à la ville de Paris. Au début du XIX siècle les villes de France rattachèrent leur heure, pour des raisons pratiques, à l’heure unique de Paris, et cela, jusqu’à 1911 où la France a rattaché son heure sur l’heure du méridien international passant par Greenwich. Pour Albi, nous avons de marquer sur le tableau : un retard d’une minute (en réalité 47 secondes).
Il est à noter dans la liste des chefs-lieux, celui de Napoléon – Vendée, nom sous le Second Empire de la Roche-sur-Yon de 1848 à 1870. Pour la petite histoire, le nom de Napoléon-Vendée apparaît, encore de nos jours, gravé sur la façade de la gare ferroviaire. Avec les villes de Nice, Annecy et Chambéry nommées sur le tableau, il est facile comme le faisait remarquer Paul Nogarède de dater l’époque de réalisation du régulateur d’Angles. En effet, ces villes ont été rattachées à la France en 1860.
La troisième colonne porte les noms de différentes villes d’Europe avec notamment « Christiana (1624 1924) pour Oslo » et La Haie « pour La Haye », trois villes d’Algérie, une de Tunisie, une d’Egypte, une de Palestine, une de Turquie « Constantinople pour Istanbul de nos jours », une ville de la Guyane Française « Cayenne dont les 3h33 sont en retard sur Paris et non pas en avance » et une ville Chinoise « Canton avec ses 7h23min d’avance sur Paris ». À noter la position complètement décalée des villes de Liverpool et Vienne entre Turin et Tunis, elles mêmes inversées. Pour chacune de ces villes, leur latitude est donnée en degré et leur longitude en minute d’avance ou de retard par rapport à la ville de Paris.
La quatrième colonne comprend un tableau de détermination du passage au méridien de l’Etoile Polaire pour les mois de l’année. Le moment de passage est donné en heure matin et heure soir. En note en bas : la variation est de 4 minutes par jour.

Cadran solaire Benoit Lavaur Tarn.

Pour conclure

Le régulateur des montres, cadran solaire équatorial, instrument populaire de précision du temps, qui résume l’astronomie pratique, a certes connu, en bénéficiant de l’influence de son inventeur, des moments de gloire et même si des essais ont bien eu lieu sur les réseaux ferrés de France, il y a fort à penser que jamais sa mise en exploitation ne fut décidée.
On ne possède aujourd’hui, aucune preuve de l’emploi des cadrans solaires ferroviaires; il est même troublant de constater, comme nous le rappelle J Vialle dans son article de cadran info n°12, « que les manuels d’exploitation des chemins de fer du XIX siècle ne traitent jamais du réglage des horloges à partir des indications d’un cadran solaire ». En définitive, comme il nous le dit, si leur utilisation pour régler les horloges des chemins de fer peut à première vue paraître une solution naturelle et fiable –en tout cas non dénuée d’une certaine poésie, il ne reste pas moins que les cadrans solaires étaient devenus des garde-temps obsolètes et peu pratiques lorsque les premières lignes de chemin de fer apparurent. L’industrie horlogère produisait déjà des horloges fiables qu’il suffisait de recaler périodiquement par le transport d’un chronomètre et de plus, l’apparition simultanée du télégraphe électrique rendit définitivement inutile les prétendus « cadrans solaires ferroviaires ».
Quant à la version dite « des communes », elle fut, à n’en pas douter, d’une grande utilité pour obtenir l’heure légale et recaler des horloges dont la justesse avait peu d’incidence dans la vie de tous les jours. Régler l’horloge de la mairie, de l’école ou de l’église, est peut-être la raison de la présence de ce cadran solaire sur la petite commune d’Anglès (c’est sous la troisième République qu’un peu partout en France, de nombreuses églises et monuments publics furent dotés d’horloges d’édifices, instruments souvent associés aux vieux cadrans solaires comme à Dénat (Tarn), Castelnau-de-Lévis (Tarn), Sorèze (Tarn) etc.).

Cadran solaire Benoit Dénat av 1925 Tarn.

Ci-contre l’horloge et le cadran solaire pour l’église de Dénat (Tarn).

Note

* Il s’agit là, vraisemblablement, d’un « Régulateur des montres – Cadran des Chemins de Fer », avec lecture de l’équation du temps minute par minute, dont nous parle l’auteur ci-dessus.

Le cadran régulateur des montres d’angles est le seul exemplaire connu qu’il reste à ce jour.
Il est devenu une pièce gnomonique unique.

Didier Benoit.