Cadran solaire du Tarn : Cadalen – Notre Dame de Cadalen (1553)

cadalen siteUn des plus vieux cadrans solaires d’angles horaires d’Europe.

Cadran solaire située à Cadalen dans le Tarn (81).

 

 

Cadalen. 81600. Eglise Notre Dame – XIIe siècle.
Référence Société Astronomique de France. 8104601.1
Latitude 43°51’03 »
Longitude 1°58’57 »EG
Déclinaison : méridional sur mur porteur ouvrant 8°

Un des plus vieux cadrans solaires d’angles horaires d’Europe

Le portail Roman de Notre-Dame de Cadalen au début du XXè siècle (Archives Monuments Historiques). A remarquer le cadran solaire en place, mais surtout le premier des cadrans canoniaux avant desquamation de la pierre qui le porte et qui nous laisse aujourd’hui, qu’un fantôme de son existence.

Cadran solaire Benoit Cadalen Tarn.

Situation
De l’ancienne église romane dédiée à la Vierge, il ne reste plus grand-chose.
Le plus important vestige roman de ce lointain passé se trouve dans le portail, en pierres (grès et calcaire), qui s’ouvre sur la façade méridionale de la nef. Comme bon nombre de portails romans de la région, il est compris dans une construction massive en saillie de l’édifice.
Quatre colonnes en ébrasements de cette ouverture avec leur couronne de chapiteaux supportent un cintre sur lequel est assise une corniche ornée de palmettes. La partie haute des chapiteaux se terminent par une bordure en saillie, ornée de fleurons. Cette modénature est reprise en prolongement sur une pierre de part et d’autre chaque chapiteau. Celle, à gauche du portail, porte la table de notre cadran solaire.

L’église Notre-Dame de Cadalen, avant l’effondrement du clocher en 1951

(Photo archives des Monuments Historiques de France)

Cadran solaire Benoit Cadalen Tarn.

Le cadran solaire

Le cadran solaire est gravé. Il est réalisé sur une pierre de grès fin de 40 cm de côté, pour une épaisseur de 8 cm. Le type de tracé gnomonique est méridional. Le mur de l’édifice qui le porte ouvre vers l’ouest de 8°.
La table du cadran est pour cela légèrement orienté vers l’ouest. De puissantes agrafes en fer scellent, avec le renfort d’un enduit à la chaux, la table contre le mur.
Aucune salissure importante de rouille lié à la pollution du fer des agrafes n’est marquante.

En 1553 seul un érudit pouvez concevoir et positionner un tel cadran solaire.

Ce qui interpelle sur ce cadran solaire, c’est la pierre triangulaire qui bouche l’emplacement du style polaire. La découpe est nette et semble volontaire. Tout laisse supposer que nous nous trouvons en présence d’une deuxième facture de pose, voire de restauration.
Les agrafes seraient-elles plus tardives ?
Le style polaire en fer est absent.
Le cadran solaire est délimité par un cercle de 34 cm de diamètre. Un deuxième cercle, concentrique au premier, laisse libre un espace ou vient s’inscrire les chiffres romains des heures. À noter la forme d’écriture du chiffre IIII, typique avant le XVIIe siècle. Le cercle intérieur est occupé par les lignes horaires, mais ne les délimitent pas.
Les lignes horaires, issues d’un point unique, partent d’un croissant de Lune couché, les pointes étant à la verticale. Elles traversent en invisible le bandeau circulaire qui contient les chiffres arabes et continuent vers l’extérieur de la table du cadran solaire sur quelques centimètres.
Le haut de la pierre étant endommagé, il est difficile de se prononcer sans mener des investigations plus poussées.
En haut de la table: le millésime : 1533
En bas de la table: deux initiales I et B

Le style d’écriture correspond bien au XVIe siècle.

Note
1) Au sujet de Notre Dame
Dans le midi, le titre donné généralement à la mère du christ au Moyen Age et aux édifices dont elle assurait le vocable, était « Sainte-Marie » ; mais l’influence française du titre « Notre Dame » après la période cathare, l’emporta peu à peu dans nos régions.

2) Ecrit d’ Élie-A. Rossignol en 1861,

« Il n’est pas douteux que si l’église conserve de nombreux éléments romans, notamment sur son pourtour, elle a fait l’objet d’une importante restauration à laquelle se rapporte sans doute un acte de consécration datant du 25 juillet 1551. À cette occasion, on reprit la totalité des voûtes, en dehors de la coupole sous le clocher, et on renouvela le mobilier dans le style flamboyant. »

3) Le cadran solaire de Cadalen date de l’époque charnière, marquée par la fin du règne des cadrans canoniaux et la renaissance des cadrans modernes, dont les cadrans post-canoniaux assureront l’articulation. Voir pour cette période l’article sur le cadran solaire du baldaquin de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi.

4) Sur le même portail roman de l’église Notre-Dame de Cadalen se trouvent trois cadrans canoniaux, dit cadrans solaires de prières.

Didier Benoit.