Cadran solaire d’Haute-Loire : La Chaise-Dieu

Le grand cadran solaire de l'abbaye de la Chaise DieuCadran solaire de l’Abbaye de La Chaise-Dieu.

Cadran solaire situé à La Chaise-Dieu en Haute-Loire (43).

 

 

Analyses préalables en vue de la restitution du grand cadran solaire de l’Abbaye de la Chaise-Dieu, en Haute-Loire

Le grand cadran solaire de l’abbaye de la Chaise-Dieu, place de l’Echo.

Dimension 520 cm de large x 420 de haut

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Introduction

L’ancienne cour de l’abbaye de la Chaise Dieu, actuellement place de l’Echo, possède sur la façade Sud d’un de ses bâtiments, un très grand cadran solaire aux dimensions hors du commun.    Avec une longueur de 5 m 20 et une hauteur maximale de 4 m 20, il offre aux passants, après déduction des ouvertures des deux fenêtres adjacentes,  une table de plus de 15 m² de lecture. Elle les invite, non seulement à y lire l’heure, les jours ensoleillés, mais aussi à méditer sur leur condition de simple mortel.

« Il n’est personne à qui la vue d’un cadran solaire n’ait inspiré de  graves réflexions. Dans notre vie si courte, n’oublions pas le prix du temps ».

 

 

Descriptif sommaire du cadran, en son état actuel

Un premier inventaire rapide  de ce vieil indicateur de temps nous montre:

1-  un bas-relief dans un cadre de pierre enchâssé en partie haute et centrale de la table*du cadran.

(*surface sur laquelle s’étale un cadran solaire)

2- les marques de gravures dans la pierre, des lignes horaires et du double bandeau qui sert de limite au cadran.

3- les restes métalliques d’une ancienne devise, de chiffres romains des heures, de plusieurs motifs de décor et des bandes de différentes largeurs qui venaient  recouvrir les lignes gravées.

4- une multitude de trous forés dans la pierre qui servaient à ancrer des chevilles de bois pour la fixation des éléments métalliques.

5- des têtes de pointes, en quantité importante, réparties sur toute la surface de la table du cadran et principalement dans le plan des joints d’appareillements des pierres. Certaines tiennent encore en place des reliefs d’éléments qui composaient ce cadran.

6- les vestiges d’un grand style en fer forgé dont l’ombre  marque le temps.

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Reconstitution du cadran solaire d’après les vestiges encore en place. Les lignes horaires X.XI.XII.I.II ont été prolongées, mais restent à vérifier. En partie basse, les décors ou inscriptions nous sont inconnus. Les restes d’une lettre « A » attestent probablement d’une fin de devise.

 

 

 

 

 

 

 

Tentative de restitution chronologique du cadran solaire de La Chaise-Dieu

1) Le cadran gravé

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.A la fin du XVII siècle, Monseigneur Hyacinte Serroni, abbé de la Chaise-Dieu en 1672, conçoit les deux projets grandioses de l’orgue et des bâtiments de la grand cour (appelée aujourd’hui place de l’Echo). Le cadran solaire date de cette époque, et porte le millésime de l’année de l’inauguration de ces réalisations.

Un premier cadran solaire a été réalisé par gravure. Ces empreintes remarquables laissées dans les pierres nous permettent de reconstituer le tracé mathématique du cadran. La table  est délimitée par un double cadre formé par deux fois deux bandes gravées de 4 centimètres de large. Seules les lignes qui marquent les bandes sont gravées, leurs intervalles restant pleins.

La profondeur des rainures est de 3 à 5 millimètres pour les mieux conservées. Le double cadre n’est pas fermé en partie haute, il manque la fin des bandes verticales et surtout la bande extrême horizontale.

En 1695, un incendie détruira les toits de la grand cour, qui seront reconstruits de façon plus simple,

Les lignes horaires, heures et demi-heures sont représentées par de simples segments de droites gravés. La profondeur de leur rainure est de l’ordre de 2 à 3 millimètres pour les parties les mieux conservées. Ces droites partent toutes de la ligne intérieure qui délimite la bande interne du cadre, excepté pour la ligne horaire de IX heures qui part du trait interne de la bande extérieure de ce même cadre qui délimite la table du cadran. Ici le concepteur du cadran a voulu différencier des autres la neuvième heure du jour. Elle devait correspondre à un moment de prière important de la vie communautaire cassadéenne*.

* L’église a marqué son office selon la course du Soleil, Soleil de justice, lumière du monde. Elle continue d’y voir le symbole du Christ ressuscité ; des événements historiques de la vie du Christ se joignent à cette signification symbolique : à Tierce (9 h), le Christ est condamné ; à sexte (12h), il est crucifié ; à None, il expire (15h). Une théologie plus récente qui touche d’avantage la communauté mauriste, fait qu’à Prime le chrétien implore le secours divin pour la journée, qu’à Tierce, on célèbre la descente de l’Esprit-Saint, qu’à midi l’Eglise prie pour éloigner le démon de midi, tandis qu’à None l’âme supplie pour que le soir de sa vie ne soit pas sans lumière.

 

Toutes ces droites concourent vers le même point qui est le centre  théorique, mathématique, du cadran solaire, pied du style polaire. Les lignes des heures sont plus longues que celles des demi-heures afin de bien les différencier de ces dernières. Aucune fioriture dans le tracé de ces lignes, comme la finition en forme de flèche que nous trouverons par la suite sur ces mêmes demi-heures lorsqu’elles recevront leur parure de plomb. La  verticale de midi n’occupe pas l’axe du cadran centré entre les deux fenêtres ; elle est légèrement décalée vers la gauche de 4 centimètres. La particularité réside dans le fait que la partie à gauche de la droite de midi est plus courte à la fin par rapport à la partie droite de 10 centimètres. Fig. 2.

Deux trous, superposés, de facture carrée sont creusés dans la pierre à droite de la ligne verticale de midi. Ils correspondent à des forages pour recevoir les jambes de force d’un style polaire puissant. Leur alignement avec le point d’ancrage théorique du centre du cadran laisse supposer la présence de la ligne sous-stylaire*, sur laquelle s’appuie toute construction gnomonique. La droite qui en résulte, correspond à une déclinaison du mur porteur de la table du cadran solaire, de -1 degrés par rapport au sud, coté, par définition, 0 degré.

* En gnomonique la sous- stylaire est la ligne correspondant à la projection du style polaire sur la table du cadran. L’angle que fait la sous-stylaire par rapport à la ligne de midi nous donne l’information sur la déclinaison gnomonique du cadran et par de là celle du mur qui le porte, si le cadranier a construit sa table parallèle a ce dernier.

 

L’étude du tracé mathématique des lignes horaires gravées, qui suit ci-dessous, valide une construction pour une déclinaison de -3 degrés. La recherche de déclinaison du mur faite sur place, donne une valeur de -2.739 degrés.

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

La facture, fort probable, de cette première sous-stylaire, présente une erreur inférieure à 2 degrés de déclinaison, soit convertie en angle tabulaire (angle compris entre la verticale de midi et la sous-stylaire) 2.8 degrés. Les erreurs de positionnement du style sont courantes en gnomonique. Faire une erreur de position lors de la pose de 1 ou 2 degrés est excusable en soi. Le véritable problème réside dans le fait que nous avons affaire à un très grand cadran solaire dont les lignes  horaires vont au-delà de 2.5 mètres pour les plus longues. A cette échelle-là, une erreur de positionnement de 2 degrés de la sous-stylaire entraîne sur le cadran solaire une erreur conséquente de la lecture des heures. L’erreur, pour moi, a été corrigée et les deux trous sont restés non utilisés.

 

Aucune trace de gravure pour situer les chiffres arabes ou romains des heures, une devise, un millésime ou tout autre décor.

L’observation de ces gravures montre une facture de qualité. Les coups de ciseaux sont sûrs. Les lignes et les courbes sont régulières et continues. Aucun coup en dents de scie n’est visible. Les jonctions des lignes horaires et de la ligne intérieure d’encadrement sont nettes. La traversée de la bande interne par la ligne horaire de 9 heures est franche. Les trous carrés de scellements pour la jambe de force du premier style sont nets. Le travail de marquage de ce cadran est excellent, révélateur d’une qualité effectuée par un compagnon maîtrisant son art.

On remarque les deux traits de la bande intérieure du cadre qui passent entre les lettes U et  S de la fin du mot  « SUMUS ». Les autres traits de la deuxième bande sont moins visibles sur cette vue. Le joint entre la grande pierre rectangulaire et le cadre en pierre du bas-relief  est anormal.

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Sur la fig 4, il faut remarquer l’absence des lignes gravées verticales du cadre sur le côté droit du cadran dû à l’ouverture récente d’une porte. Au niveau du bas-relief, les gravures des lignes horaires de VI heures, VII heures et VIII heures n’apparaissent pas sur les pierres qui bordent le cadre en pierre du bas-relief. Cela est du au remplacement des  pierres suite à l’incendie. De même, pour les lignes horaires de IV heures et V heures les traits sont marqués sur deux pierres bordant le cadre du bas-relief, mais ils sont absents sur la troisième.

La dernière pierre qui porte la fin de la ligne horaire de IV heures ne s’arrête pas au ras du cadre du bas-relief, mais laisse entre elle et ce dernier un large espace bouché avec de petites pierres liées à un mortier de chaux. La encore, le travail de reprise après l’incendie n’a pas été de grande facture.

L’incendie de 1695, va endommager considérablement le cadran solaire. Monseigneur Serroni meurt en 1687, avec lui s’efface ses libéralités pour son abbaye de la Chaise-Dieu, la réfection du bâtiment se fera dans la simplicité et à moindre coût.

2) Etude du tracé des lignes horaires gravées  d’après le relevé fait sur site en juillet 2009

Le plan du cadran relevé a été reproduit en atelier sur papier calque. Toutes les lignes horaires du cadran concourent bien vers le même point d’origine.

La latitude de la Chaise-Dieu a été arrondie à 45°. Le tracé du cadran relevé a été comparé au tracé d’un cadran théorique ayant une déclinaison de -1°, -2 ° et -3°. Les calculs ont été faits en coordonnées polaires et rectangulaires. La déclinaison de -3° est celle qui s’approche au mieux du dessin de ce cadran. Les lignes horaires de IX – X – XI – XII – I – II sont bien positionnées. Les premières heures du matin VI – VII – VIII sont légèrement fermées vers le bas, celles de la fin de journée, à l’inverse, s’ouvrent très légèrement vers le haut. Les erreurs de temps sont minimes, en admettant, bien sûr, une position correcte du style.

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

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Investigations juillet 2009

A droite, messieurs Jacques Bellut et Gérard Boudet surveillent la manoeuvre. Monsieur Jacques Bellut est à l’origine de mon intervention.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Ma fille Cécile aux commandes.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Ci-contre le report du relevé sur papier.

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3)  Le style actuellement en place

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Le style polaire en fer forgé en place est supporté par deux jambes de force, il ne s’ancre pas dans le mur au centre du cadran. En gnomonique, un tel style est appelé « style tronqué ». Lors de l’incendie de 1695, il a été violemment percuté par les pierres et autre matériaux  du toit mansardé.

.Il ne peut plus aujourd’hui donner une ombre correcte nécessaire à la lecture de l’heure.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.Le pied de sa plus grande jambe de force aujourd’hui occupe à un degré près la place qui est la sienne sur la sous-stylaire du tracé mathématique du cadran.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Les deux jambes de force ont leurs extrémités hautes terminées en forme de chape pour recevoir la barre en fer plat rectangulaire du style polaire tronqué (fig 8 et 9). L’ensemble est monté avec des  joncs eux même maintenus en place par des goupilles. Ces trois pièces principales sont de grosses sections, 4 centimètres x 1.5 centimètre pour la barre du style et un carré de 2 centimètres pour les autres. Des volutes en fer-forgés de faible épaisseur (3 millimètres) sont agrafées à l’aide de simple feuillard de tôle sur la grande jambe de force et le style. Les parties basses des volutes  prennent appui sur la surface des pierres. Elles sont fixées par deux agrafes puissantes en fer forgé.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

L’extrémité du style côté Sud était terminée par un motif décoratif en tôle de fer plat (fig 11). Il ne reste aujourd’hui qu’une partie de ce motif encore prisonnier de sa vis de fixation. Une butée forgée dans le style empêchait ce motif de s’écarter de l’axe central. Son concepteur  voulait une ombre fidèle à cette position sur le plan du mur.

Certains cadrans solaires ont leurs styles munis d’une boule, d’un disque de fer plat ajouré qui leur permet de porter sur leur table en plus de l’ombre nécessaire à la lecture des heures, celle des dates des saisons,  des mois, voire celui d’une date d’anniversaire. L’ombre de ce motif sur la table du cadran solaire de la Chaise-Dieu ne pouvait donner aucune de ces informations, car il occupait dans l’espace un point beaucoup trop distant de cette dernière.

En été lorsque la déclinaison du Soleil est maximale, l’ombre de ce motif se situe très largement en dessous des fenêtres du premier étage (fig 17).

Seul, un symbole fort de la religion comme une croix peut engendrer une telle exigence de pose. Les styles en forme de croix des cadrans solaires jumeaux de la cathédrale d’Albi ont été mutilés pendant les mouvements populaires anticléricaux de la Révolution française. Celui de la Chaise-Dieu a été victime très certainement de la rouille et du  temps.

Suite aux dégâts liés à l’incendie, le style n’a pas été réparé totalement. Les fers tordus n’ont pas été redressés.

Le style est maintenu en place par des coins en fer.

4)  Le bas-relief

Un bas-relief en pierre de lave noire délimité par un cadre sculpté en pierre de même matériau que le mur de la bâtisse, occupe la partie haute centrale du cadran solaire. Tout en haut du bas-relief une devise religieuse: CORONA DOMINI CONGREGAT & SERVAT, écrite sur deux lignes. Elle se traduit par: « La couronne de Dieu nous rassemble et nous garde. » Au-dessous de cette inscription se trouve une interprétation des armes des « Mauristes »,(*) un écu portant en fasce le mot « PAX » accompagné en chef d’une fleur de lys et en pointe des trois clous de la Passion. L’écu est entouré de la couronne d’épines, et supporté par deux anges agenouillés. Au bas de la plaque, sous l’écu se trouve le millésime: 1683.

(*) Bénédictins de la Congrégation de saint Maur.

La congrégation de saint Maur, dont l’emblème apparaît ici, fut créée au début du XVIIème siècle pour satisfaire une demande de renouveau religieux de la part de quelques monastères. Richelieu, alors qu’il était abbé commandataire de la Chaise-Dieu, incorpora l’abbaye dans cette congrégation.

(Les cadrans solaires de l’Abbaye de la Chaise-Dieu de Gérard Boudet).

 

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Le bas-relief est fait de 3 pierres de lave sculptées. De nombreux impacts dus aux chutes de la toiture sont visible sur cet œuvre. La pierre principale, date de 1683, les deux autres plus petites situées aux deux extrémités hautes gauche et droite ont été remplacé après l’incendie de 1695. Deux petites parties émoussées sur la grande pierre n’ont pas été restaurées ; du moins il ne reste plus aucune trace. Il est fort possible qu’elles aient été comblées avec un mortier de chaux et peintes.

L’ensemble qui constitue le bas-relief était peint (fig 8 – 12 – 13). La mise en peinture est soignée.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.Le cadre porte des traces de couleur ocre jaune  très visibles dans les rainures. Les anges sont de couleur ocre jaune ainsi que le fond des lettres gravées de la devise. La couronne d’épines, le blason ainsi que le millésime sont de couleur ocre rouge. Les anges, la couronne et le blason ont leur relief marqué par un fin liseré blanc. Les tons des ocres se sont très certainement déclinés du foncé vers le clair en une espèce de camaïeu.

Des traces de restes de polychromie attestent de la mise en couleur du bas-relief.

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5) Le cadran à la feuille de plomb

Après la mise en place du bas-relief, la table du cadran solaire gravée a reçu un parement fait dans des feuilles de plomb de 4 millimètres d’épaisseur environ (fig I – III à VII – IX et X – XII et  XIII). Le cadre gravé qui délimite le cadran solaire a été recouvert par des bandes de plomb de 4 centimètres de large. Le cadre interne a été recouvert par deux bandes de plomb parallèle de 1 cm. La partie haute a été fermée, une bande passée entre le haut du cadre en pierre du bas-relief et la base des pierres d’arase en encorbellement du mur. Les lignes horaires ont été recouvertes par des bandes de plomb de 1.5 centimètre en moyenne, les demi-heures l’ont été par des bandes identiques, mais avec leurs extrémités finies en forme de flèches* dirigées vers le centre du tracé du cadran.

* De nombreux cadrans solaires ont leurs lignes horaires des demi-heures fléchées . En tradition gnomonique populaire, les lignes flèchées, dirigées vers le centre du cadran solaire à l’inverse des lignes des heures, marquent le contre-sens de la marche normale du temps.

Une façon bien innocente de conjurer la fuite en avant et inexorable du temps.

En plus des lignes gravées, des éléments de décoration vont venir agrémenter le cadran solaire. L’espace laissé libre entre les deux bandes du cadre porte en partie haute horizontale et de part et  d’autre du bas-relief une devise écrite en latin. PULVIS ET UMBRA SUMUS. Nous ne sommes que poussière et ombre.

 

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.La lettre T, tête en bas du début de la devise « PULVIS  ET ». Cette lettre a été dépliée pour la  photo et déposée lors de mon intervention.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Seul les restes de la lettre « P »  de « Pulvis » sont en place aujourd’hui. L’espace et les  trous correspondent bien aux restes de la première partie de cette devise.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.Au début et à la fin de la devise un motif de décoration représente par un « X » la lettre grecque « chi », abrégé de Christ fig 16. A l’extrémité de chaque ligne des heures, le chiffre romain correspondant. Entre chaque chiffre, un petit motif décoratif marque l’emplacement des demi-heures. Une exception toutefois pour les chiffres romains X – XI – XII – I – II, qui sont fixés à l’extérieur du cadre du cadran. Ces chiffres sont écrits sur deux lignes horizontales. Les chiffres X et II, occupent celle du haut, au droit de leur ligne horaire respective, les autres occupent la ligne du bas. Ces trois derniers chiffres sont enfermés dans le cadre de plomb qui contient les nombreux trous et vestiges de fer et plomb pour lesquels nous n’avons aucune explication.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

Une multitude de trous et fixations très difficiles à interpréter.

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Toutes ces bandes de plomb, ces motifs, étaient fixés au mur à l’aide de pointes directement enfoncées dans le plan des joints ou dans des chevilles de bois dont les nombreux trous forés dans la pierre pour les recevoir restent bien visibles aujourd’hui.

Il est difficile de détacher ce qui a été mis en place en 1683 de ceux qui a été consolidé après 1695.
La quasi-majorité des pièces de plomb est d’excellente facture, le restant est carrément bâclé.

 

6) Les éléments en plomb récupérés et archivés

Tous ces éléments sont réalisés dans des plaques de plomb. Leur épaisseur est régulière. Seuls quelques éléments ont des différences d’épaisseur importantes (fig 18) et semblent faire partie d’éléments étrangers à la conception d’origine. Ces mêmes pièces présentent des plans de coupe très peu soignés.

Extrémité fléchée d’une ligne de demi-heure

Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

La flèche de l’extrémité d’une ligne de demi-heure représentée à la figure 18 est un condensé à elle seule de cette mauvaise facture qui reste exceptionnelle sur l’ensemble de l’oeuvre. Cette pièce mesure 245 millimètres pour une épaisseur allant de 4 millimètres à 2 millimètres. La bande principale de cette ligne horaire fait en moyenne 16 millimètres. Le renflement est obtenu par incision d’une ligne centrale et écartement manuel  des deux bandes obtenues. Leur largeur respective est donc la demi-somme de la bande principale (en théorie). Aucune symétrie d’une pièce à l’autre. L’enferron fait 70 millimètres, son trou central est fait suivant le même procédé. Cinq trous faits par le passage de pointes forgées carrées au moment de la pose après connaissance de la surface de réception.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.

La lettre T  du début de la devise.

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Le travail de découpe des lettres et des motifs de décoration et celui de la majorité des lignes horaires est soigné. Fig. 16 et 19.

Les dimensions de la lettre T sont: 125 millimètres de haut, 23 millimètres de large et 4 millimètres

d’épaisseur pour le tronc ; 140 millimètres de large par 8 millimètres pour la branche du haut avec une épaisseur identique.

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Cadran solaire restauration Benoit La-Chaise-Dieu Haute-Loire.Restes de grande et petite bande de délimitation du cadran.

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7) La devise

Origine:

Cette devise est à rapprocher de la Genèse, III, 19:  » In sudore vultus tui vesceris pane, donec revertaris in terram de qua sumptus es; quia pulvis es, et in pulverem reverteris. » ( C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes dans le sol d’où tu as été tiré; car de lui, tu as été pris. Car poussière tu es, et poussière, tu retourneras.)

Variante que l’on trouvait sur l’ancien couvent des Capucins à Conflans, commune d’Albertville en  Savoie: Umbras umbra regit, pulvis et umbra sumus. L’ombre dirige (nos) les ombres; nous ne sommes qu’ombre et poussière.

Didier Benoit.

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Bibliographie

Bellut Jacques, L’abbaye de la Chaise-Dieu. Mille ans de présence religieuse

Boudet Gérard, Les cadrans solaires de la Chaise-Dieu, bulletin du GRAHLF

Baron de Rivière, Inscriptions et devises horaires, Bulletin monumental.

Gojat Pierre, Dictionnaire de gnomonique illustré.

Escuder Olivier, Paroles de Soleil, tome II.