Cadran solaire du Tarn : Carmaux – Guillaume de Nautonier de Castelfranc

Année mondiale Astronomie2009 – Cadran solaire sur le thème de l’année mondiale de l’Astronomie.

Cadran solaire situé au 37 rue des saules à Carmaux dans le Tarn (81).

 

 

Dimensions: 240 cm x 130 cm

Millésime

2009

L’année mondiale de l’astronomie

2009 a été déclarée par l’UNESCO « Année mondiale de L’Astronomie » pour célébrer le quatre centième anniversaire de la première observation astronomique faite avec une lunette par Galilée (1564 – 1642). Cela lui a permis de découvrir les reliefs de la Lune, les taches solaires, les satellites de Jupiter, les phases de Vénus.

Le siècle des étoiles

En 1560 nait à Vénès en terre Albigeoise, Guillaume de Nautonier de Castelfranc, éminent mathématicien, géographe et astronome français, docteur en théologie qui consacra, en dehors de son sacerdoce toute sa vie à l’étude des planètes et à la recherche d’un moyen de calculer les longitudes. Il sera à l’origine du premier observatoire astronomique de France qu’il fera ériger entre 1609 et 1610 à Castelfranc,  actuelle commune de Montredon Labessonnié.

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.L’observatoire dit « La Tour carrée » tel qu’il nous reste aujourd’hui.

Comme Galilée et Tycho Brahé ses contemporains, de Castelfranc est un véritable expert dans la fabrication d’instruments de visées astronomiques. Grand voyageur,  depuis quelques années, il connaît et surtout, utilise la toute nouvelle lunette marine. Il faut dire que ces contacts avec le milieu marin sont nombreux. Lorsqu’il n’est pas lui-même en mer pour prendre ses mesures de longitude à partir de la variation du champ magnétique terrestre, il mandate de nombreux capitaines de vaisseaux pour faire ces relevés aux quatre coins du globe. De ces observations naitra son œuvre « Mécométrie de l’eymant ». Il publiera aussi un important traité de cosmographie riche de nombreux schémas et cartes du ciel.

Il m’est difficile de penser que Castelfranc n’ai pas eu l’idée de transformer et de tourner une lunette vers ces inaccessibles étoiles comme l’ont fait ses confrères, Sheiner et Harriot peu de temps avant Galilée. L’invention de la lunette astronomique suivra de près celle de la lunette marine (deuxième moitié du XVIème siècle pour la première). Elle n’est pas précisément attribuée à un pays. L’histoire hésite entre l’Italie et les états des Provinces Unies des Pays-Bas.

Les travaux scientifiques de Castelfranc n’auront pas la reconnaissance et surtout la valeur de ceux de son illustre confrère. Le regard neuf porté par Galilée sur la mécanique céleste et  son ensemble d’observations astronomiques réalisées avec ce nouvel instrument, placera la lunette d’approche comme outil incontournable. C’est en cela qu’il faut interpréter cette commémoration, en reconnaissant toutefois aux pionniers, dont Castelfranc fait partie, une participation active et constructive sur le fabuleux développement de la science de la cosmographie qui ouvrira les portes de l’astronomie moderne.

Naissance d’un cadran solaire

Bien que n’ayant aucune preuve écrite de l’utilisation par Castelfranc de la lunette de visée astronomique, j’ai laissé court à mon imagination, et  saisi cette opportunité d’imaginer notre illustre Tarnais pointant cet instrument vers les étoiles du haut de sa « Tour carrée ». Une façon bien modeste de ramener à la lumière et de faire connaître cet homme de génie que fut Guillaume de Nautonier de Castelfranc

Techniques

Cadran solaire réalisé sur support fait d’un enduit de chaux et marbre blanc de Carrare. Peinture minérale de technique B du fabricant allemand « KEIM ».La facture du style polaire est en inox massif. L’étoile symbolise l’astronomie et permet diverses lectures sur la table du cadran.

Dessin

Sur la table du cadran sont représentés en haut le millésime « 2009 » et le thème de  l’année donné par l’UNESCO « Année Mondiale de l’Astronomie »; en dessous, l’observatoire de Castelfranc, premier observatoire de France, tel que nous le découvrons aujourd’hui. Dans le médaillon, Le Nautonier en train de faire une visée astronomique à la lunette. Au-dessus un phylactère porte son nom, sa date de naissance et de sa mort. Le tracé mathématique du cadran comprend la lecture des heures et demi-heures, celle des mois, des saisons et du calendrier zodiacal. Un cadran complexe à l’image du mathématicien, et aussi en hommage aux  nombreux « Diares astrologiques » que Castelfranc a édité. Sous le cadran, des instruments de visée en usage à l’époque nous rappellent son art dans cette facture. On reconnaît : une canne de Jacob, un anneau astronomique, un quart d’astrolabe. J’ai hésité de représenté un « Nauclérique », instrument complexe de son invention. En partie basse, un livre ouvert fait référence à l’imprimerie de Vénès qu’il a créé et qu’il usera à l’image d’un égal de Simon Colline, illustre imprimeur de la fin du XVème siècle. Sur le livre, une devise protestante pour marquer son appartenance à cette religion. Cette devise, travaillée avec le musée du protestantisme de Ferrière, provient d’une maison protestante des Baux-de-Provence. Elle date de 1571.                  

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.Devise

Après les ténèbres, la lumière.

Pour  le cadran solaire la devise marque le principe de son fonctionnement «A la nuit succède le jour». Pour l’année mondiale de l’astronomie, elle est la charnière entre le monde de l’opposition à l’instruction, à la raison et au progrès, voulu par un certain esprit clérical de l’époque et celle du renouveau mathématique porté par une nouvelle vague de mathématiciens, astronomes et philosophes dont Copernic, Galilée, Le Nautonier et Kepler sont les plus représentatifs.

Sur la page droite du livre avec les armoiries de Vénès, le nom du gnomoniste : Didier Benoit

Guillaume de Nautonier de Castelfranc par thomas de leu.

GUILLAUME DE NAUTONIER DE CASTELFRANC, DOCTEUR EN THEOLOGIE, MATHEMATICIEN ET ASTRONOME TARNAIS* DE LA  FIN DU XVI ème SIECLE

* Le Tarn n’existait pas comme département à l’époque de la naissance de Nautonier (création en 1790).

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L’observatoire de Castelfranc, à l’entrée du château. Au milieu des deux fenêtres en bois (celle avec des volets et celle sans) de la façade qui longe le chemin, la pierre identitaire, vue ci-dessous.

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.

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Il y a 400 ans, le premier observatoire astronomique de France voyait le jour en terre Albigeoise 1610-2010

Pierre gravée et scellée dans la maçonnerie de l’observatoire de Castelfranc. « Fait parGuillaume de Nautonier de Castelfranc Géographe du Roi en l’an du Seigneur 1610 ».Lire le millésime CIC (inversé) DCX. Ici mille écrit selon la mode du XVIè et XVIIè siècle: C I C (inversé)

Hanc aciem virtus sola retundit-tempus.*

Guillaume (De ou Le) Nautonier est né le 15 juillet 1560 (1) au château de Castelfranc (2), département du Tarn, dans une famille noble protestante, originaire du Rouergue et entrée en possession de la seigneurie de Castelfranc au début du XVIème siècle. Il était le troisième d’une famille de cinq enfants.

Marc Vène, descendant de Guillaume de Nautonier, met en relation ce nom avec  « le transport fluvial ». En latin « nauta », matelot, personne qui mène les barques et les navires en général, sans oublier ceux qui gèrent le trafic nautique (En occitan, langue encore parlée en Haut-Languedoc malgré l’Edit de Villers-Cotterêts ( 1539) : lo nauta signifie  le matelot, le naute, le navigateur). Il est vrai qu’à l’époque les fleuves et les rivières sont de grandes voies de communication, source de profit et taxes en tout genre. Un nom prédestiné quant on pense aux futurs travaux de Nautonier sur la recherche des longitudes, travail motivé principalement  par le guidage des marins.

Son père, Pierre II était trésorier général des finances de l’Eglise réformé (Assemblée de Pierre-Ségade « Viane » du 1 novembre 1572). Guillaume a été élevé au milieu des chiffres, l’histoire conserve de sa jeunesse, celle d’un enfant doué, doté d’une excellence mémoire et d’une très grande curiosité. Au château familial, sa salle de jeu préférée se trouve dans la grande  pièce bibliothèque qui recèle des livres savants et des objets aussi mystérieux que fascinants. Très tôt il se familiarise avec les traités de géométrie, de mathématique, de cosmographie et il excelle en trigonométrie et en algèbre. Son père lui communique son goût des voyages et de  l’astronomie. Le contact avec les instruments de mesure, les astrolabes, les quadrants, les miroirs, les lentilles, les boussoles, les cartes marines dont des portulans (3) lui ouvrent la voie des étoiles qu’il ne quittera plus jamais. De tous ces  instruments, la boussole est pour lui l’objet le plus énigmatique. Pourquoi cette aiguille de fer frottée contre la pierre aimant s’obstine telle toujours à regarder dans la direction de l’étoile polaire ? Cette petite flèche est à l’origine de la formidable aventure que fut sa vie. Avec elle, il ouvrira la voie  d’un calcul impossible à l’époque: la longitude.

Au moment, où le protestantisme avait fait son apparition en France, son père a embrassé avec une foi ardente les idées nouvelles. Tout naturellement, il destine ce fils prodige à  la carrière pastorale. Adolescent Guillaume part donc à Lausanne afin d’étudier la théologie. Passionné de mathématique, et curieux de l’univers qui l’entoure, il étudie en parallèle l’astronomie, la mesure du temps et des distances, la fabrication des instruments de visée et l’art de la visée. Ses études universitaires sont couronnées par le titre de Docteur en théologie de l’Académie de Lausanne, ce qui lui donne le droit de prendre en charge une paroisse. « Envoyez-nous du bois, nous vous ferons des flèches« , avait dit en son temps Calvin aux églises réformées de France, en parlant bien sûr des futurs étudiants en théologie. La flèche  Nautonier est prête à la lancer mais pas dans n’importe quelle direction, car son enferron est toujours irrémédiablement attiré vers le Nord.

Guillaume est avant tout un homme de science, un mathématicien brillant et un excellent géographe. Ses diplômes en poche, Le Nautonier court l’Europe, tantôt en Italie, tantôt dans les Etats des Provinces Unies des Pays-Bas, au Portugal, au Danemark, étudiant et poursuivant ses recherches sur l’astronomie. Il consacre une part de son temps à enregistrer des mesures mathématiques mais surtout à étudier « la guideymant ou aiguille marine, qui le fascine depuis tant d’années. Il parle de cette aiguille avec dévotion « douée du véhément désir de s’orienter, ce petit lopin de fer qui semble vivre et avoir jugement »; il est obsédé par le désir de percer le secret de sa déclinaison tantôt orientée vers l’est, tantôt vers l’ouest. Il sait pertinemment qu’élucider ce mystère, c’est ouvrir la voie aux calculs des longitudes. Marins et astronomes pourraient dès lors évaluer les distances le long des parallèles.

En 1583 ou 1584 Guillaume est de retour au pays. Il installe son ministère et devint le pasteur de Montredon et de Vénès. Toute sa vie il restera fidèle à ses deux églises rurales.

Son savoir est immense. Il maîtrise parfaitement le latin, le grec, l’hébreu. Il a lu tous les grands auteurs anciens grecs, latins, mais aussi ceux du Moyen Age sans oublier les auteurs arabes. De son temps il connaît les grands savants  qui diffusent leur savoir, les philosophes, il est en relation avec nombre de navigateurs à qui il fera exécuter des mesures de déclinaison du champ magnétique. Guillaume le Nautonier est aussi homme de terrain, il n’hésite pas à faire de longs voyages pour faire lui-même des relevés. Exigeant dans le travail, il demande l’autorisation au roi Henri IV, par l’entremise de son ami Maximilien de Béthune (Sully), de pouvoir imprimer (4) ses propres livres dans son château de Lourmarié ( en oc l’Ormariá signifie l’Ormeraie) (4 bis)  privilège qu’il obtient pour dix ans.  Sa fortune personnelle est durement entamée par tous ses  déplacements, travaux de recherches et l’installation de son imprimerie.

Peu de temps après le De magnete de William Gilbert (Londres 1600), Le Nautonier imprime et publie en 1603, son œuvre. Mécométrie de l’eymant c’est à dire la manière de mesurer les longitudes par le moyen de l’eymant.Par laquelle est enseigné un très certain moyen auparavant inconnu, de trouver les longitudes géographiques de tous les lieux aussi facilement comme la latitude. Davantage y est montré la déclinaison de la guideymant pour tous les lieux. Oeuvre nécessaire aux Amiraux, Cosmographes, Ingénieurs, Mestres de Mines, Architectes et Quadraniers.

Son livre est orné de planches, de cartes, de gravures et divisé en six parties dédiées, la première au roi Henri IV, la seconde à son ami Sully, la troisième au prince Maurice, la quatrième aux Etats des Provinces Unies des Pays-Bas, la cinquième à Nicolas Bruslart, seigneur de Siliery et à Monseigneur de Calignan, président au Parlement du Dauphiné.

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.Armoiries de Guillaume de Nautonier en forme d’écusson figurant sur le dessus de la clé de voûte de la porte de l’observatoire de Castelfranc, se lit »d’Azur au navire d’argent et au chef d’or, chargé de trois croix tréflées de gueules ». De part et d’autre de l’écu se trouvent deux lions grimpant. Un casque de chevalier sur le haut de l’écu est surmonté d’un ours issant, se nourrissant d’un rayon de miel, le miel de la sagesse. Image puisée dans la Sainte Ecriture en signe de la foi de Nautonier.

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Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.Première page de la  La mécométrie de leymant.

Le titre est placé au milieu d’une planche sur cuivre représentant, en haut, la bataille et le château d’Arqués, avec Henri IV à cheval sur le devant, le titre au-dessous, les plans de dix villes, quatre grandes et six petites; la suscription Mécométrie de leymant, oeuvre nécessaire aux amiraux, astrologues, architectes et quadraniers;  de l’invention de Guillaume de Nautonier, seigneur de; Castelfranc en Languedoc; dédié au Roy; imprimé à Venès, chez l’auteur, 1603, avec privilège du Roy pour dix ans.

Au-dessous sont les armes de Guillaume de Nautonier: un vaisseau à pleines voiles, sur une mer en pointe, au chef chargé de trois croisettes. A la suite, cinq pages de dédicace au roi; une page, extrait du privilège du roi; une page, sommaire de quelques points du livre; une page de trois sonnets sur cet ouvrage; vingt deux pages, au lecteur; deux pages aux auteurs cités; onze pages et demie pour la table; trois pages et demie de vers tant latins que français; une page de fautes à corriger; deux pages de la préface de la première partie, les six parties de l’ouvrage; puis la Mécographie de l’eymant, qui comprend une superbe gravure sur cuivre, avec l’indication d’îles et de pays éloignés connus en 1603; seize pages de dédicaces, renseignements ou avis et 135 pages de Mécographie (5) à deux colonnes chacune.

On trouve à la suite de la Mécométrie, Arithmatic de l’Aymant dédiée à Jacques 1er d’Angleterre.

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Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.Description concise de l’orbe de la Terre à partir des tables des géographes les plus experts de l’orbe tout entier, et prise d’observation très nouvelles.

(Tel est le titre figurant en haut de cette carte prise dans « Mécométrie de l’eymant de Nautonier. A remarquer la position des pôles magnétiques « polus magnétis » et de l’équateur magnétique « équator magnetis », langage nouveau pour l’époque).

Cet ouvrage majeur, conçue en grande partie durant la dernière décennie du XVIè siècle, est le fruit d’un travail et d’un investissement considérable.

Immédiatement confronté à l’idée Gilbertienne, qui bénéficie dans le milieu scientifique et philosophique du moment, d’une grande estime, l’idée de Le Nautonier est incomprise et rejetée.

William Gilbert traite de magnétisme en général et voit dans la rotation diurne de la terre la cause du champ magnétique à partir de la coïncidence entre l’axe de rotation de la terre et l’axe du champ magnétique terrestre. Le Nautonier détruit cette théorie en introduisant l’équivalent de la notion de dipôle magnétique, que Gauss, bien plus tard en 1839, définira comme représentant la partie principale du champ magnétique terrestre d’origine interne, dont l’axe diffère en fait de l’axe de rotation. Le Nautonier  n’est donc pas suivi dans cette voie et il est rapidement critiqué par les savants de son temps. Son ouvrage qui vise principalement les navigateurs rencontre très peu de succès auprès d’eux. N’ayant aucune stimulation et reconnaissance scientifique, et aussi car il est conscient que sa théorie contient des lacunes, Le Nautonier, arrête la diffusion de son livre et l’imprimerie.

L’imprimerie est vendue en 1605 à Pierre Fabry qui s’installe à Castres. Le Nautonier est un des ses premiers clients car il lui fait imprimer à cette époque-là son « Diaire sur les longueurs des jours et des nuits ». (6)

En 1606 Henri IV l’honore du titre de « Géographe ordinaire du Roi », avec très certainement une pension.

En 1607, il  fait imprimer toujours à Castres son « De artificiosa memoria (7) » écrit dans un latin d’une pureté remarquable.

Quelque temps après, en 1609, il reçoit du Roi, une récompense de 1200 livres,  versée en dédommagement de toutes ses dépenses. Cette somme est en partie dépensée pour réaliser un vieux rêve, celui de bâtir sur le point le plus élevé de Castelfranc un observatoire astronomique. C’est chose faite avec l’observatoire de Castelfranc, construit entre 1609 et 1610. Cet observatoire, est connu sous le nom de « Tour carrée ». Il est  le premier observatoire astronomique réalisé en  France. Inauguré en 1610, Il fête son 400 ème anniversaire cette année au mois d’août. (8)

La fin de sa vie est occupée à la rédaction d’un Diare astrologique et d’une importante cosmographie riche de nombreux dessins et cartes du ciel dont on sait peu de chose. Ses manuscrits n’ont jamais été imprimés à cause du coût exorbitant des planches que l’auteur y avait intégrées.

Guillaume de Nautonier s’éteint au château de Castelfranc le 16 décembre1620  (9).

Rarement pris en considération et cité, le Nautonier disparaît de la mémoire scientifique au point que même l’histoire générale des sciences  publiée sous la direction de René Talon l’ignore totalement. Il faut attendre les dernières décennies du XXème siècle pour que des géomagnéticiens, sortent  » Le Nautonier » de l’oubli. Si l’histoire n’a pas retenu son nom dans la grande et longue aventure du  calcul des longitudes,  elle a fait de lui, un jalon incontournable et important dans l’histoire des connaissances relatives à ce qu’est en réalité le champ magnétique terrestre.

SPES    MEA CHISTUS    « Mon espoir est dans le Christ »

Ce sont les restes d’une devise ou d’une partie de psaume que l’on trouvait autrefois sur une pierre de réemploi qui servait de montant droit à une fenêtre de la demeure de Lourmarié. Cette pierre devait être positionnée bien en avant, aux vues de tous sur l’ancienne bâtisse avant sa démolition pendant les guerres de religions. Marc Véne situe cette pierre dans un premier temps sur une maison dans la rue principale de Vénès ou Nautonier implante son imprimerie. Par la suite cette pierre sera déplacée à Lourmarié très certainement lors de sa reconstruction (10).

Un déplacement à l’Ourmarié (écrit sous cette forme) ne m’a pas permis de retrouver les traces de cette inscription.

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.Cadran solaire réalisé en 2009 à Carmaux, pour l’année mondiale de l’astronomie, en l’honneur de l’astronome tarnais Guillaume De Nautonier de Castelfranc (dim: 255 cm x 135 cm).

*Devise de la deuxième marque du célèbre imprimeur Simon de Colines (1470 (80 ?)- 1545). On l’appelle communément la marque du temps, car le vieux satyre qu’elle met en scène, tenant une faux et trônant sur un piédestal gravé du mot tempus en est l’allégorie. Elle comporte la devise dans un phylactère: Hanc aciem sola retundit virtus : La vertu seule émousse cette lame.

Rouanet Jean en fait la devise de Nautonier! Il est évident que le Nautonier connaissait l’imprimeur Simon Colines, du moins ses nombreuses impressions et qu’il était en admiration comme beaucoup de ses contemporains par la qualité du travail de ce grand maître. Lorsqu’il imprimera à Vénès, il essayera d’approcher son  oeuvre de la très grande facture de son illustre prédécesseur. Le deuxième livre de « Mécométrie de leymant » à la deuxième marque de Colines comme ornementation de sa page de couverture.

Jean Rouanet semble interpréter à sa façon l’histoire. Mais cette devise va si bien au personnage qu’on lui pardonne.

Notes

* Le Tarn n’existait pas comme département à cette époque (création en 1790). Les  noms que j’aurais pu proposer: Pays albigeois, Albigeois, Haut-Languedoc, Pays d’Oc,  Occitanie.

(1) La date de 1557 pour sa naissance est aussi souvent donnée. Marc Véne donne sa mort à l’age de 63 ans.

(2) Le château de Lourmarié à Vénès (Tarn), est donné par Jolibois et Greslé-Bouignol pour son lieu de naissance, le 15 juillet 1560.  Pour Marc Véne, l’Ourmarié (écrit en deux mots) est une métairie appartenant aux Nautoniers et non un château.

(3) Les portulans sont des cartes marines dressées au Moyen Age indiquant la position des ports sur les côtes.

(4) A cette époque seule les universités du royaume ont le privilège d’imprimer.

(4bis) Marc Véne situe l’imprimerie dans une maison de la rue Droite à Vénes.

(5) Tables donnant la valeur de la déclinaison magnétique en fonction de la latitude et longitude dans les deux hémisphères. On perçoit bien ici à quel point le Nautonier se veut utile aux marins.

(6) Ephéméride – Diaire, ou journalier de la longueur des jours et des nuicts de toute l’année, et de l’heure et moment du lever et coucher du soleil en chacun d’iceux.

(7) Traité en latin, qui résume les moyens mnémotechniques préconisés par les auteurs anciens et modernes. Il ‘agit d’une oeuvre que Nautonier tenait en réserve depuis de nombreuses années.

(8) Cette bâtisse bien que vieillissante est encore en bon état. Son intérieur est remarquable de conservation. J’ai eu le bonheur de marcher dans les traces de Le Nautonier, sur ce plancher du dernier étage, lieu de toutes ses investigations astronomiques. Aujourd’hui l’observatoire est la propriété depuis peu d’une fondation anglaise qui a conscience de la valeur historique de ce bâtiment. Sa directrice Madame Heather Foxhall me disait tout l’intérêt que la fondation portait à ce lieu, et surtout à Guillaume De Nautonier de Castelfranc grand visionnaire et homme de paix au rayonnement international. Il est prévu que l’observatoire soit restauré avec le nouveau château de Castelfranc (le précédent, ainsi que « Lourmarié » ont été rasé par le prince de Condé durant les guerres de religions).  Dans l’avenir un « Center of Peace Making » devrait voir le jour et pour sûr l’étoile de Nautonier brillera à nouveau sur Castelfranc.

Comment avons nous pu dédaigner et laisser partir un tel chef d’œuvre?

(9) Gréslé-Bouignol dans son dictionnaires des Tarnais célèbres, donne la mort de Le Nautonier de Castelfranc le 10 août 1620  Castres.

(10) Rouanet Jean est le seul qui ai vu cette pierre gravée en place à l’Ourmarié.

Didier Benoit.

Bibliographie

– Histoire scientifique et littéraire du département du Tarn, trentième volume: La famille Nautonier par  Rouanet Jean. Correction de Jolibois et Dumons en fin d’ouvrage

– Annales du Tarn, Guillaume de Nautonier de Castelfranc:  Jolibois Emile.

– Les Tarnais; dictionnaire biographique sous la direction de Maurice Greslé-Bouignol.

– Guillaume de Nautonier, savant et visionnaire en quête de l’accessible étoile; Paula et Olivier Astruc

– Guillaume le nautonier, ministre du culte, astronome et géographe du roi; Marc Vène.

– Guillaume Le Nautonier un précurseur dans l’histoire du géomagnétisme; Mioara Mandea et Pierre-Noël  Mayaud.