Cadran solaire du Tarn : Le Garric – Château de la Guimerie

Cadran solaire guimerieEtude du cadran solaire du château de la Guimerie.

Cadran solaire situé au Garric dans le Tarn (81).

 

 

Le cadran solaire du château de la Guimerie, commune du Garric, département du Tarn.

Cadran solaire Benoit Le Garric Tarn.Ruines du château de la Guimerie.

Rappel Historique.

Ce château était autrefois la propriété des comtes de Lescure d’Albi, il deviendra à la veille de la Révolution Française, par le jeu des alliances, la propriété des nobles de Solages de Carmaux. Après la Révolution, il sera vendu à des particuliers. Les pierres du château serviront de carrière pour les constructions environnantes et le corps de ferme, tenant à la demeure nobiliaire servira jusqu’à ces derniers temps, de bâtiment d’exploitation agricole. Seul un mur de soutènement ouvrant vers l’ouest rappelle à la mémoire collective l’existence passée d’une place-forte.

Le cadran

Comme la majorité des vieux indicateurs de temps de notre département, celui du corps de ferme du château de la « Guimerie » est à l’état de vestige. Il n’en demeure pas moins, qu’aux yeux d’une personne avertie, il dévoile tout un pan de son passé. Très bien placé sur le mur sud de la bâtisse, à la vue des travailleurs des terres agricoles attenantes, mais aussi des autres employés du domaine, ce cadran solaire rythmait, dans le passé, la vie quotidienne de ce lieu.

Un cadran solaire à l’état de vestige. Les lignes horaires restent très visibles ainsi que le liseré périphérique de la table du cadran solaire.

De facture classique et traditionnelle, il est réalisé sur un corps d’enduit de chaux selon la technique ancestrale de la fresque. Un premier enduit de chaux et de sable grossier assure la forme et le dressage de la table sur laquelle le cadranier* a reporté son tracé mathématique par gravure avant durcissement de la matière appliquée. En terme technique, on appelle cette forme « l’arricio ». Aujourd’hui, l’usure séculaire du temps laisse paraître, en grande partie, cette première empreinte (Il faut dans des conditions normales et sur des façades orientées sud, plus de deux siècles pour arriver à ce stade-là de la dégradation d’un corps d’enduit réalisé pour un cadran solaire selon cette technique).
Un deuxième enduit fait de chaux grasse et de sable très fin, voire de poudre de pierre appliquée en film mince, donne à la surface de la table un aspect lisse et fini. Par transparence les marques du tracé laissées dans « l’arricio » restent lisibles. Le cadranier les souligne avant durcissement du liant d’un trait de couleur (ici, un ocre jaune pâle). Il ne lui reste qu’à délimiter, à la règle, le contour de la table du cadran d’un filet (ici ocre rouge) et de positionner les chiffres correspondants à chacune des heures qu’il a calculées. À l’origine, le millésime était peut-être porté sur la table, il n’en reste aucune trace visible à l’œil nu. Je ne pense pas qu’il y ait eu une inscription (devise) sur ce cadran. L’espace libre au-dessus du style et celui entre le trait horizontal du liseré du bas et l’extérieur de la table sont beaucoup trop étroits. Le reste de la surface est occupé par les lignes des heures, et des chiffres qui les désignent. Mais n’est-ce pas là l’essentiel de notre horloge solaire (2) ?
Le cadran solaire de la Guimerie a été réalisé il y a un peu plus de deux siècles, avant la Révolution Française pour servir de repère du temps aux personnes attachées au service des nobles du lieu. Aucune fioriture, décoration dans cette réalisation, ni de devise propice à l’épanouissement de l’esprit. Seule la marche inexorable du temps de travail y est consignée.

Cadran solaire Benoit Le Garric Tarn.

Dessin du tracé des lignes horaires en pointillé et du liseré rouge existant sur le cadran de la Guimerie. En trait continu noir, le tracé tel qui devrait être. Les chiffres romains et leurs positions sont purement imaginaires, j’aurai pu mettre des chiffres arabes.

Des marques restent encore visibles sur la table du cadran. Ce sont celles de sept lignes horaires. Les lignes de onze heures et de douze heures sont à leur place (à quelque chose près). Pour les cinq autres, des restaurations successives et de mauvaises factures les ont éloignées de leur position d’origine. Cela est fréquent. Un trait en demi-cercle réunit sous le style les lignes horaires. Très certainement un croissant de Lune, représentation courante dans l’art de la gnomonique. Il faudrait mener des investigations plus pertinentes pour essayer de déceler d’autres signes, comme celui du choix du chiffrage romain ou arabe.

Didier Benoit.