2013 – Cadran solaire sur le thème des chemins de Saint Jacques.
Cadran solaire situé à Villefranche de Rouergue en Aveyron (12).
Le mur du Petit-Languedoc avant restauration.
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Le cadran solaire de Villefranche de Rouergue en place sur le mur du Petit- Languedoc. Dimension 350 x 250 cm.
Historique
L’idée de créer dans un espace public un cadran solaire revient à Jean Pierre Mangé, Villefranchois et membre de la Société Astronomique de France. C’est en 2005 qu’il propose à la commission culture de la ville de commémorer le centenaire du Rotary International par la réalisation d’une œuvre gnomonique sur le domaine public. Le projet n’aura pas de suite.
En 2009/2010 à l’occasion du projet de restauration de l’espace public du « Petit Languedoc », il réitère son projet et obtient un avis favorable.
Le mur de soutènement du Petit-Languedoc sera retenu pour la création d’un cadran solaire. Sa situation géographique s’ouvrant devant un vaste espace en pente offrant des vues dégagées propices à l’observation et permettant l’installation d’une table de lecture informative et didactique pérennisera ce choix. La thématique générale de l’œuvre voulu par le maire, Monsieur Serge Roques et son conseil s’articulera autour du « chemins de Saint Jacques à Villefranche de Rouergue » en mettant en valeur les monuments emblématiques de la ville et des pans de son histoire. Les objectifs à atteindre sont culturels (création d’une œuvre d’art pérenne), pédagogiques (le cadran doit servir à l’enseignement), touristiques (le cadran doit être un élément de curiosité et d’attractivité).
De Villefranche à Carmaux en passant par la SAF à Paris, naissance d’un cadran solaire
Chronologie : Bien qu’une petite distance sépare Villefranche de Carmaux, c’est grâce à Philippe Sauvageot que Jean Pierre et moi-même nous nous sommes rencontrés au mois de novembre 2011 et avons pu échangés sur le projet de la cité Rouergate. Avril 2012 : demande de Monsieur le maire pour étudier la possibilité de réaliser un cadran solaire en partenariat avec une artiste locale – Juin 2012 rencontre des différents acteurs et premier relevé de déclinaison du mur du Petit Languedoc (ce dernier n’est pas encore restauré) – Juillet 2012 retrait de l’artiste locale– Décembre 2012 présentation en conseil municipal restreint du projet gnomonique.
Samedi 30 juin 2012, Jean Pierre Mangé au travail.
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L’étude
(Concept et réalisation Didier Benoit, dessins et maquette Isabelle Guillet, Didier Benoit).
Les premières idées et maquettes présentées en conseil municipal montraient le projet dans son environnement, grâce à des montages informatiques de Madame Jessy Chalifour, chargée de communication à la mairie de Carmaux. Plusieurs modèles de formes ont été proposées. La forme ovale a été retenue à l’unanimité par les membres du conseil. Les motifs et choix de décorations du cadran ont été arrêtés. La devise que j’avais créée pour la présentation sera, malgré mes réticences conservée. J’aurai souhaité qu’un érudit du coin en construise une. J’ai préféré le mot « Viator » voyageur qui est plus à l’image du pèlerin de notre temps que le mot « peregrinus »moins accueillant, et agréable dans la lecture de cet assemblage de mots. Par la suite j’apprendrai l’existence à Villefranche de la congrégation Viator.
Le cadran solaire bâti d’après le relevé de déclinaison fait au pied du mur ainsi que les détails historiques et décoratifs donnaient une image dès plus réalistes de l’œuvre. Toutefois, le maire insista pour une réalisation du modèle retenue à l’échelle 1, avec tous ses composants. Sa mise en place sur site permettra aux élus de bien visualiser l’impact environnemental de la réalisation.
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Maquette à l’échelle 1 du cadran. Réaliser une telle maquette demande beaucoup de temps. De plus il faut fabriquer un support rigide pouvant la porter et la suspendre sur site. L’armature créée sera démontable afin de pouvoir être transportée sur un petit camion plateau.
Maquette à l’échelle 1 : Essais de couleurs. De la toile de verre lisse que l’on se sert dans le bâtiment pour réparer et renforcer les enduits des murs intérieurs servira de support aux dessins. Cette toile à peindre à l’avantage d’être extrêmement résistante à toutes sortes d’agressions. Les dessins terminés, des essais de couleur ont été fait avec des peintures acryliques pour approcher un aperçu du travail fini et faciliter le choix d’une polychromie. La réalisation définitive du cadran solaire est prévue avec des peintures minérales du fabricant Allemand « Keim » qui ne peuvent s’appliquer que sur un support minéral. Il est impossible avec les peintures synthétique d’imiter le rendu de ce type de peinture. Les couleurs de la maquette ne sont donc pas contractuelles.
Recherche sur site de l’emplacement idéal du cadran solaire
Le 01 mars 2013, la maquette a été présentée sur le mur nouvellement restauré du Petit-Languedoc pour arrêter définitivement son emplacement. Avec l’aide d’agents des services techniques de la ville, le cadran a été positionné à plusieurs endroits. Finalement, celle choisit dans l’étude aura définitivement la préférence de Monsieur le maire.
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A droite de la photo, Monsieur Serge Roques, maire de Villefranche de Rouergue, et l’auteur Didier Benoit surveillent la manœuvre.
Mise en place de l’empreinte
Réaliser une empreinte de cette taille et d’un volume proche du cube et demi demande l’intervention de professionnels qualifiés. Les ancrages nécessaires au port de la table du cadran solaire, les armatures ainsi que les matériaux utilisés seront étudiés avec précision. L’entreprise Villefranchoise de Michel Camisar va s’acquitter de cette tache avec brio. Une fois l’échafaudage positionné, la mise en place du gabarit réalisé par la société BPSI de Carmaux va s’avéré très délicate. L’endroit choisit pour réaliser l’œuvre présente un retrait important des moellons en pierre sur l’alignement du mur. De plus, le fruit du mur (position par rapport à la verticale) est sortant depuis le haut de plus de 25 cm. D’un commun accord avec l’entreprise nous avons décidé d’arrêter l’inclinaison de la table du cadran solaire à 91° au lieu de la verticale compté 90°. Ce petit degré d’écart va permettre de diminuer l’épaisseur de la table du cadran de 20 cm à 16 cm mesuré sur la partie basse et réduire considérablement son poids.
Préparation pour la fabrication de la table du cadran solaire. Entreprise Camisar. Pose du gabarit.
Nouveau relevé de déclinaison et inclinaison de la table
Sur la photo de gauche, relevé définitif de l’inclinaison et déclinaison de la table par Jean Pierre Mangé.
Sur la photo de droite, Cécile et Didier Benoit.
L’empreinte terminée, et après décoffrage, de nouvelles mesures de déclinaison du mur ont été prises. L’inclinaison restant à + 91° comme voulu au moment de la réalisation de la table.
La déclinaison définitive sera de + 24.9°. Les premières mesures de déclinaison du mur prises à raz du sol en juin 2012 avaient donné + 25.758° soit une erreur de + 0.858°. Le mur qui porte le cadran solaire est donc légèrement déclinant Sud/Ouest.
Préparation de la table
La réalisation de la table du cadran solaire par l’entreprise de Michel Camisar et sa finition est parfaite, c’est un travail soigné. Un polissage à sec exécuté sur la surface lissée va permettre de supprimer les petites imperfections avant de recouvrir la surface de la table d’un revêtement propre à recevoir les peintures d’artistes
La pose d’un revêtement silicaté blanc pur à base de quartz et micro fibre de verre sort de l’ombre vers la lumière la table du cadran. Le revêtement sec, un ponçage soigné donne un grain fin à la surface traité, proche de la texture dune toile à peindre d’artiste. Cette dernière opération va clore le chapitre de la préparation de l’empreinte.
La table après le départ des maçons. Polissage de la surface de la table par Didier Benoit. Et enduit fin de finition.
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Réalisation du dessin
L’artiste Isabelle Guillet entre en scène.
Le moment tant attendu est là. Mise en place des tracés gnomoniques exécutés de main de maître par ma fille Cécile avec la complicité de Jean Pierre (et un peu la mienne).
De son côté, Isabelle Guillet, artiste peintre avec qui je travaille maintenant depuis de nombreuses années assure la pose des dessins avec précision. Le temps est de la partie, un voile protecteur a été mis rapidement en place pour se protéger des rayons agressifs du soleil qui s’est invités à la (sa) fête.
A gauche, Isabelle Guillet, l’artiste, à l’œuvre. A droite, dernières retouches par ma fille Cécile Benoit.
Style
Selon le souhait de Serge Roques et Jean Pierre Mangé, la construction du style polaire doit contenir à son extrémité un symbole du thème retenu : Les chemins de Saint Jacques à Villefranche de Rouergue. Avec Jean Pierre notre choix s’est porté vers la réalisation d’un style polaire dont son extrémité (le style droit) sera matérialisée par une coquille saint Jacques. Lors de la réalisation de la maquette d’un commun accord, l’instrument du martyre du saint, l’épée, viendra compléter le motif retenu. L’ensemble sera inclus dans un cœur en rappel à la sculpture d’un chapiteau de l’ancienne chapelle Saint Jacques de Villefranche.
Extrémité du style polaire du cadran solaire, appelé en gnomonique style droit.
La facture du style polaire est en inox massif monté par mécano soudure, de même que celle du style droit obtenue par découpage mécanique au laser. Les établissements Grèzes à Carmaux ont assurés la programmation et la découpe laser.
Dessin : Tracés et décors
Le dessin a été traité à la façon d’une enluminure médiévale illustrant le passé, mais aussi le présent de Villefranche de Rouergue.
Au sommet, une coquille symbole du pèlerinage de Saint-Jacques. De cette coquille part le style, c’est-à-dire une tige métallique dont l’ombre marque les heures.
Au dessus de la coquille le millésime de facture : 2013
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A gauche un changeur de monnaie et son trébuchet symbolisent la fonction commerciale, de la ville.
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L’enluminure de droite, montre le Sénéchal, représentant le pouvoir royal, recevant les consuls de la ville.
Si Villefranche a été une place commerçante importante, ce fut aussi une capitale administrative, comme chef lieu de province.
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En bas des pèlerins arrivent à Villefranche qui fut une étape majeure sur les chemins vers Compostelle. Ils se dirigent vers la collégiale Notre-Dame.
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Le cadran donne l’heure solaire vraie c’est-à-dire que pour avoir l’heure légale ou l’heure de la montre, il faut tenir compte de la longitude du lieu, de l’équation du temps et de l’heure d’été ou d’hiver. La lecture des arcs de déclinaisons est facilitée par l’œilleton (rond de lumière, axe de la coquille).
Sur la photo prise en juillet, il est environ 13h25 min solaire et l’œilleton va marquer dans quelques jours l’entrée du soleil dans l’arc de déclinaison correspondant aux signes zodiacal du Lion (et des Gémeaux).
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Courbe en huit du temps moyen pour Villefranche de Rouergue avec progression de l’heure de 5 min en 5 min depuis 11h 30 min jusqu’à 12h 30min. Lorsque l’œilleton de la coquille chevauche la section de la courbe en huit correspondant au mois en cours il est exactement le milieu de la journée de lumière ; donc le midi réel du lieu.
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Deux hyperboles délimitent en haut le solstice d’hiver, en bas le solstice d’été. Au milieu la droite qui définie les équinoxes.
Le style par son œilleton indique aussi sur le cadran le mois de l’année en cours et situe l’entrée du soleil dans les arcs de déclinaisons correspondant aux différents signes du zodiac.
En haut du phylactère qui porte les mois et les signes du zodiac, les armoiries de Villefranche de Rouergue.
« De gueules, au pont des trois arcades d’argent, crénelé de cinq pièces, accosté de deux tours quarrées, de même, ouvertes et crénelées aussy de trois pièces chacune, le tout massoné de sable, planté dans les eaux d’argent ardées d’azur et surmonté de la Croix de Toulouse d’or, au Chef de France. »
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L’hyperbole du 17 septembre 1943, date où Villefranche est entré dans l’histoire de la 2ème guerre mondiale a été choisie par le Maire et la municipalité pour que le souvenir des Martyrs Croates (*) reste, à jamais, gravé dans le temps.
(*) mutinerie d’un bataillon enrôlé de force dans la Waffen SS, contre leurs officiers nazis.
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Le cadran ne serait pas complet s’il n’avait pas une devise.
« Sicut viator transit hora » ,
Comme le voyageur, l’heure passe.
Référence aux pèlerins, mais aussi à tous ceux qui passent à Villefranche.
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La frise périphérique est inspirée des scènes sculptées sur bois que l’on trouve sur les miséricordes des stalles de la collégiale Notre -Dame et de celles de l’église de la Chartreuse Saint Sauveur de Villefranche- de- Rouergue.
Didier Benoit.
Monsieur le maire Serges Roques et son conseil municipal,
Monsieur Alain Espié maire de Carmaux
Madame Jessy Chalifour
Monsieur Jean Pierre Olivier directeur des services techniques et aux agents municipaux.
Messieurs Philippe et Michel Cammisar , le personnel de l’entreprise.
Aux Villefranchoises et Villefranchois.