Restauration du cadran solaire sud de la Métairie du Domaine du Cayla, datant de la fin du XVIIIe siècle.
Cadran solaire situé à Andillac dans le Tarn (81).
RESTITUTION DU CADRAN SOLAIRE SUD DE LA METAIRIE DU DOMAINE DU CAYLA A ANDILLAC.
Cadran solaire sud-ouest de la métairie
Dimension 126 cm de haut x 106 cm de large
Le cadran restitué de la métairie.
Petit historique
Les deux cadrans solaires de la métairie du domaine du Cayla datent de la fin du XVIII siècle. Le baron de Rivière nous donne la date du cadran oriental « 1772 » dans son livre « Inscriptions et devises horaires ». La similitude de facture, l’état général des vestiges de ces horloges solaires, la particularité de leur construction qui s’arrange de la déclinaison réelle des murs, oriente l’appartenance du cadran solaire sud à ce millésime.
Facture
La table du cadran a été dressée dans un premier temps à l’aide d’un enduit de chaux et sable grossier de rivière, « l’arricio ». Son épaisseur varie de plusieurs centimètres selon la profondeur des joints de pierres qu’elle recouvre. Sur l’enduit encore frais, le cadranier a gravé à l’aide d’une pointe, le tracé mathématique de son cadran solaire et quelques repères de décoration. Cette particularité que l’on retrouve sur nombre de cadrans solaires de notre région a permis de conserver intacts, malgré la forte usure du temps, les tracés gnomoniques de nos vieux indicateurs horaires, mais aussi pour beaucoup d’entre eux l’existence d’éléments de décoration. Une fois la couche de fond prise, le cadranier a déposé une fine couche d’enduit de chaux et de sable très fin, voire de la poudre de pierre, « l’intonaco ». Etant très fine, cette préparation, une fois étalée sur toute la surface de la table du cadran, laisse voir, par transparence, le tracé gravé sous-jacent. Avant que la prise de « l’intonaco » ne soit totale, l’artiste a déposé, à l’aide d’une fine brosse, des pigments dilués dans un lait de chaux en recouvrement de chaque tracé.
Restauration de la table du cadran solaire sud-ouest en 2013.
Inspection
La table du cadran solaire, après sondage est très cohérente : aucune zone ne sonne creux. L’angle droit du haut de la table du cadran solaire a été coupé lors du scellement d’une borne électrique. Une autre de ces bornes est scellée dans la table. Des impacts légers dus à des chocs marquent la table. L’enduit de fond (intonaco) est très effacé, presque inexistant.
L’usure du corps d’enduit de la table est plus importante que sur celle du cadran sud-est. L’exposition et les conditions climatiques, mais aussi, et surtout, les eaux météorites, non canalisées, venant du toit, sont les causes du vieillissement accéléré de cet indicateur du temps.
Aucune colonisation dominante de micro-organismes n’est visible. L’enduit primaire laisse à peine deviner le tracé mathématique du cadran solaire. Le style en fer forgé est absent. De très légères traces de pigmentation renseignent sur les couleurs mises en œuvre lors de la dernière restauration. Les dimensions de la table sont 126 cm de haut pour 106 cm de large.
Etude préparatoire
Essais de restitution du cadran solaire sud-ouest de la métairie du Cayla.
Une maquette, grandeur nature, sur papier,à été réalisé à partir de relevé fait sur site en 2013. Le tracé est celui d’un cadran solaire méridional de déclinaison 0°. Aucune trace de décor n’a été relevée. Celui de la maquette est imaginaire et se veut imiter la facture du cadran oriental avec son motif solaire. J’ai ici, volontairement pris des pommes de pin, symbole du temps qui passe, car elles sont connues dans l’appareil existant. On les trouve sur un cadran solaire de Cestayrols, petit village proche du Cayla.
Relevé de la déclinaison du mur sud de la métairie.
La déclinaison relevée en 2013 donne pour la façade sud de la métairie une orientation de + 25.28°, correspondant à une position sud-ouest du mur. On trouve dans cette mesure la logique de déclinaison sud-est de la façade qui lui est quasi perpendiculaire et qui porte le cadran au tracé oriental. Le cadran solaire au tracé sud, possède le même degré d’erreur de construction que celui de la façade sud-est.
Les recherches en archives ; locale, départementale, gnomonique, ainsi que les recherches sur les traces de pigmentations enfermées dans le corps d’enduit, n’ont apporté aucune nouvelle découverte. Seule la compréhension de construction mathématique relevée sur site du cadran a guidé cette restitution.
Travaux de restitution
Le service des architectes des bâtiments de France du Tarn, sous la direction de Patrick Gironnet, souhaite que le cadran, dans sa polychromie, s’intègre dans l’ensemble du bâti de la métairie. Pour cela, une patine de finition doit être mise en place et laisser paraître une surface vieillit de la table. Le style en fer forgé doit garder l’aspect rouille.
La table du cadran a été entièrement reprise avec un enduit de chaux, sable de rivière et adjuvant acrylique.
Pose du tracé mathématique conforme au tracé ancien, en conservant délibérément l’erreur de déclinaison.
Cécile ma fille et précieuse assistante à l’œuvre.
Mise en place après concertation du liséré intérieur et du chiffrage romain, à l’image du cadran oriental. (non décelé dans l’étude de la table).
Facture du style en fer forgé.
Forage de la table et pose du style à l’enduit de chaux et résine époxidique.
Cadran solaire avant et après restauration.
Didier Benoit.