Cadran solaire du Tarn : Carmaux – Hommage à Antoine Deparcieux

Carmaux 1 rue Jules Guesde Antoine Deparcieux2012 – Cadran solaire en hommage à Antoine Deparcieux, mathématicien et gnomoniste du XVIIIe siècle.

Cadran solaire situé au 1 rue Jules Guesde à Carmaux dans le Tarn (81).

 

 

Cadran solaire création Benoit Carmaux Tarn.

Dimension 180 cm x 140 cm.

Devise française

Il n’est de grand esprit sans sagesse et vertu. Il n’est d’élu des temps sans talent et probité.

Techniques

Cadran solaire réalisé sur support fait d’un enduit de chaux et ciment. Peinture minérale de technique B du fabricant allemand « KEIM ».

La facture du style polaire est en inox massif, de même que celle du style droit représentée par la  rondelle ajourée obtenue par usinage mécanique.

Tracé gnomonique

Courbe en huit du temps moyen pour la ligne horaire de midi. Cette courbe est parfois appelée courbe de Fouchy son inventeur ou plus vraisemblablement son vulgarisateur. Progression de 5 min en 5 min autour de la ligne de 12 heures. Ce principe de tracé était très en vogue au temps de Deparcieux. Il permettait aux habitants des lieux de régler avec précision leur montre. La représentation du zodiaque marchait souvent de pair avec ce type de cadran solaire.

Thème 

Hommage d’un Cévenol à un illustre Cévenol, grand mathématicien et gnomoniste du XVIIIe.

Dernier d’une fratrie de 7 enfants, Antoine Deparcieux vient au monde le 28 octobre 1703 au mas du Clotet du lieu dit Cessous situé dans la paroisse de Peyremale proche de mon village natal, à une époque où Cévennes et royaume de France vivent une période sombre de leur histoire. L’assassinat de l’abbé du Chayla au Pont de Monvert (Lozère), un an auparavant, a entraîné la révolte camisarde. Les Cévennes sont à feu et à sang. De plus, les années qui vont suivre sa naissance seront faites d’hivers  froids et longs, de printemps calamiteux et de récoltes détruites. La famine et la misère sont le lot du royaume. L’enfance d’Antoine Deparcieux sera marquée par ces années difficiles et surtout  la mort, alors qu’il est encore très jeune, de ses parents. Laissé à la charge de son frère, son aîné de presque 30 ans, il fréquentera les écoles de Saint-Florent et de Porte plus proche du mas que celle de Peyremale. Brillant élève, vers 19 ans, il quittera sa famille pour des raisons encore mal définies (brouille avec son frère ainé ?) pour entrer, très certainement sur recommandation, à l’école des Jésuites de Lyon. Il y suivra le cycle secondaire avec brillance et approfondira parallèlement les mathématiques, alors non dispensé dans les collèges de France, avec la complicité d’un religieux qui l’avait en estime. Très vite l’élève dépasse le maître et vers 1730 il décide de se rendre à Paris, ville ou il ne connait personne si ce n’est l’adresse d’un collège de Jésuites, pour acquérir les connaissances qui lui font défaut. On sait peu de chose des premières années de Deparcieux à Paris. Il fera rapidement connaissance avec un illustre professeur du collège Royal, Mr de Montcarville qui remarquant ses fabuleuses dispositions s’empressera de l’aider de ses conseils et lui ouvrira la carrière des Sciences. Pour subvenir à ses besoins, notre jeune Cévenol va devenir réalisateur de cadrans solaires. Ecoutons Monsieur Grandjean de Fouchy dans son éloge d’Antoine Deparcieux, prononcé devant l’Académie des Sciences: Il possédait éminemment la gnomonique. Son adresse et son exactitude, jointes à la parfaite connaissance qu’il avait des principes sur lesquels cet Art est fondé, assuraient la perfection de ses ouvrages en ce genre. On lui procura les occasions d’en tracer plusieurs, et, entre autres, la belle Méridienne qu’il traça au Louvre pour Mr le Duc de Nevers. Les honoraires qu’il recevait de ses ouvrages, le prix de ses leçons, et, pour ainsi dire, la frugalité et la sage économie ; éloignèrent de lui le besoin, et le mirent en état de se livrer à son génie…

En 1738, Antoine Deparcieux adresse à l’Académie Royale des Sciences son premier ouvrage important. C’est un traité de trigonométrie rectiligne et sphérique complété par des tables trigonométriques et des tables logarithmiques. Il comprend aussi un traité approfondit de gnomonique.

En 1746, Antoine Deparcieux va sortir son œuvre majeure. C’est un Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine, d’où l’on déduit la manière de déterminer les rentes viagères, tant simple qu’en tontines. Dès sa parution l’ouvrage sera regardé dans toute  l’Europe comme le plus parfait jamais paru sur ce sujet. Les tables de  mortalités de Deparcieux furent utilisées par les compagnies d’assurances et les banques pendant tout le XIX e siècle et la moitié du XXe. Par la suite, les progrès de la médecine les rendirent obsolètes. Elles sont regardées aujourd’hui comme l’ouvrage fondateur de la Science Actuarielle (Droit financier). La même année Antoine Deparcieux sera nommé à l’Académie Royale de Paris, Berlin, Stockholm, Metz, Lyon etc…

On lui doit en autre de nombreux mémoires et travaux scientifiques, notamment touchant au domaine hydraulique. Il signera pour Diderot en 1755, les huit pages de l’Encyclopédie concernant les moulins.

L’enfant de Cessous, le petit berger des Cévennes, était devenu l’égal des plus grands.

Dessin

Unique portrait connu de Deparcieux dû à l’artiste Charles Nicholas.

Sources

Propos tirés de la biographie de Deparcieux par Jacques Dardalhon et Gérard Delmas.

Didier Benoit.